Contrairement à une murale qui est réalisée sur un mur ou sur un support fixé au mur, une peinture peut être déplacée. Aussi, elle est toujours exposée à l'intérieur d'un bâtiment. Pour en savoir davantage sur les murales, consulter la section Les peintures murales extérieures de ce guide. Il existe également des peintures dites marouflées.
La structure physique d'une peinture se compose de plusieurs couches de différents matériaux dont chacun possède ses propres caractéristiques. Ils vieillissent à leur propre rythme et chacun réagit différemment aux conditions du milieu ambiant dans lequel il se trouve. Ainsi, les peintures sur panneaux de bois sont plus sensibles à l'humidité, certains pigments sont plus sensibles à la lumière, les peintures de grand format sont plus difficiles à déplacer et nécessitent un accrochage particulier. Selon les matériaux qui les composent, certaines œuvres contemporaines seront plus difficiles à restaurer et nécessiteront des mesures de conservation préventive plus importantes. En ce sens, il est utile de comprendre comment et de quoi est composée une peinture pour pouvoir lui procurer les meilleures conditions de conservation possible et l'entretenir adéquatement.
Exemple d'une coupe transversale d'un échantillon de peinture.
Photo 1 : Institut canadien de conservation (ICC)
Le support est le substrat sur lequel la peinture est appliquée. Il peut s'agir :
Selon la volonté de l'artiste lors de la création, certaines zones du support sont parfois laissées à nu.
Souvent appelée gesso, la couche de préparation est appliquée sur le support. Elle est la couche intermédiaire entre celui-ci et la couche picturale. Elle isole le support, souvent absorbant, de la couche picturale. Elle est généralement blanche, mais est parfois colorée ou même texturée. Certaines œuvres plus récentes sont cependant réalisées directement sur le support, sans couche de préparation, permettant ainsi une certaine absorption de la peinture par la toile.
Il existe différents types de préparation. Traditionnellement, on utilisait la colle animale mélangée à une charge blanche, telle la craie. L'utilisation d'une préparation plus flexible à base d'acrylique est néanmoins devenue fréquente en art contemporain.
La couche picturale se compose de pigments mélangés à un liant
substance liquide qui permet à l'artiste d'utiliser ses couleurs (huile, résine acrylique, colle, etc.).liant , aussi appelé « médium
substance liquide qui permet à l'artiste d'utiliser ses couleurs (huile, résine acrylique, colle, etc.).médium ». Le médium
substance liquide qui permet à l'artiste d'utiliser ses couleurs (huile, résine acrylique, colle, etc.).médium donne de la cohésion à la peinture et permet à l'artiste d'utiliser ses couleurs. Il peut être composé d'huile, d'acrylique, d'alkyde, d'encaustique, de détrempe, etc. Il n'est pas toujours facile de distinguer l'huile de l'acrylique lors d'un examen visuel.
Le choix du médium
substance liquide qui permet à l'artiste d'utiliser ses couleurs (huile, résine acrylique, colle, etc.).médium aura une influence sur le procédé de peinture et sur l'effet recherché : finition uniforme et mate, opacité, transparence, lustre, empâtements, etc.
La couche picturale peut être réalisée avec des techniques mixtes. La surface de l'œuvre intègre alors différentes matières, comme le pastel ou le fusain. Elle peut aussi inclure d'autres matériaux ou de petits objets, souvent collés à la surface du tableau, comme le papier, le sable, le bois, le plastique, etc.
Le vernis sature et protège les couleurs de la poussière et autres polluants. Traditionnellement, les peintures à l'huile sont vernies. En art contemporain, les tableaux sont vernis ou non, selon le choix de l'artiste.
Plusieurs types de vernis existent :
Le choix du vernis aura des conséquences sur son apparence, sa durée de vie, la facilité avec laquelle il sera possible de le retirer lorsqu'il aura trop vieilli ou jauni.
Le cadre met l'œuvre en valeur et la protège lorsqu'elle est manipulée et exposée. Certains cadres font partie intégrante de l'œuvre. À l'inverse, certaines œuvres contemporaines ne sont pas encadrées.
La toile marouflée
Catégorie intermédiaire entre la murale et la peinture, celle-ci est exécutée sur une toile collée sur un mur. Sa composition est la même que celles des peintures, c'est-à-dire d'une toile, d'une couche de préparation, de la couche picturale, du vernis. Des moulures clouées au mur peuvent parfois lui servir de cadre.
Sur le plan de l'entretien, la toile marouflée présente des problématiques particulières liées au mur de support. Il faut également surveiller si la toile se décolle de son support rigide. Dans ce cas, faire appel à un restaurateur professionnel.
Pour obtenir des détails sur l'entretien de la couche picturale, consulter la rubrique Élaboration d'un programme d'entretien.
Pendant le démarouflage du tableau La médecine à Québec (1957), de Jean-Paul Lemieux. Il a été roulé sur un Sonotube® pour supporter la toile pendant l'intervention et pour le transporter au Centre de conservation du Québec, où il a été restauré pendant des travaux majeurs de l'édifice dans lequel il est exposé. Ce tableau est installé à l'Université Laval, au pavillon Ferdinand-Vandry, à Québec.
Photo 2 : CCQ, Michael O'Malley.
Certains facteurs doivent être considérés pour maximiser la durée de vie d'une peinture et réduire l'entretien qu'elle requiert, et ce, dès sa conception, sa réalisation et son installation.
En art public, l'environnement des peintures est parfois bien différent de celui du musée. Malgré le fait qu'elles soient exposées dans les halls d'entrée ou dans des couloirs très fréquentés et sans surveillance, parfois avec des niveaux d'éclairement bien supérieurs à ceux des musées, il est possible de leur offrir des conditions très acceptables pour leur conservation et leur protection.
Il est connu que les changements de température influencent le niveau d'humidité relative (HR) de l'air. Par exemple, plus la température augmente, plus le taux d'humidité diminue et vice-versa. Dans le cas d'une peinture, l'humidité relative a un effet certain sur les matériaux qui la composent, d'autant plus que la sensibilité à l'humidité et à la sécheresse varie d'un matériau à l'autre. La plupart des matériaux absorbent l'humidité. En cherchant à être en équilibre avec l'humidité ambiante, ils se dilatent et se contractent chacun à leur manière (voir le tableau ci-dessous).
Les conditions de température et d'humidité qui règnent dans un lieu public autre qu'un musée sont généralement acceptables pour la conservation d'une peinture. Par contre, les fluctuations brusques et les écarts importants causent davantage de dommages. Le tableau qui suit présente les catégories de matériaux qui réagissent chacun à leur manière aux variations de température et d'humidité.
Matériaux sensibles aux variations | Matériaux qui réagissent peu aux variations |
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La superposition de matériaux dotés de sensibilités différentes peut occasionner des fentes, des craquelures, des gondolements, des soulèvements et des pertes de matière lorsque surviennent des écarts brusques et de grande amplitude de l'humidité relative.
Pour protéger l'oeuvre de l'humidité et de la chaleur
Les peintures sont modérément sensibles à la lumière, mais un niveau d'éclairement excessif constitue une source de dégradation potentielle, tant en ce qui a trait aux matériaux qu'à l'apparence de l'œuvre.
Les effets dommageables de la lumière sur les peintures sont cumulatifs et irréversibles. Par conséquent, un éclairage intense de courte durée peut causer les mêmes dommages qu'un éclairage faible de longue durée. Les rayons ultraviolets diffusés par la lumière du jour et les fluorescents sont les plus destructeurs. C'est pourquoi ils doivent être filtrés. La préservation des œuvres dépend donc du type d'éclairage, de son intensité, et de la durée d'exposition à la lumière.
Les effets de la lumière sur les peintures peuvent être nombreux :
Les matériaux les plus sensibles à la lumière sont le papier, les photographies, les textiles, les encres d'impression et certains pigments. Ces matériaux nécessitent un éclairage plus faible.
Détail de Madame Pierre-Amable De Bonne, née Louise-Élizabeth Marcoux (1808), de la collection du Musée national des beaux-arts du Québec, don de Guy Marcoux.
Le pigment rouge a pâli sous l'action de la lumière, sauf dans la partie qui était cachée sous la feuillure du cadre.
Photo 3 : Collection du Musée national des beaux-arts du Québec
Pour protéger l'oeuvre de la lumière
Pour réduire le rayonnement lumineux :
Pour réduire la chaleur et l'intensité lumineuse :
Il est également possible de :
Une œuvre exposée dans un lieu achalandé est susceptible d'être heurtée par les passants ou endommagée par les équipements d'entretien et le mobilier, de subir l'abrasion de ses surfaces, d'être perforée ou déchirée, d'être salie ou éclaboussée (eau, aliments, peinture, produits de nettoyage).
Une peinture sera plus vulnérable au vandalisme si elle est située dans un endroit mal éclairé, si elle est peu visible ou si elle est à portée de main. Certains graffitis sur une peinture non vernie ou à l'acrylique sont très difficiles, sinon impossibles, à enlever. Selon la vocation du site et l'achalandage, le choix de l'emplacement est très important pour assurer la protection de l'œuvre.
Graffiti sur un détail du tableau intitulé Portrait de Mgr Turgeon (1859), de Théophile Hamel. Ce graffiti a été fait à l'aide d'un crayon de type « marqueur » ou « Sharpie », qui est très difficile à enlever. L'élimination de ce genre de graffiti nécessite l'utilisation de solvants forts. Ceux-ci peuvent endommager la couche picturale et le vernis de façon irréversible. Dans ce cas, le graffiti sera laissé en place pour ne pas altérer l'œuvre.
Photo 4 : © CCQ, Michel Élie.
Pour protéger l'oeuvre contre l'achalandage, le vol et le vandalisme
Après restauration, le tableau La médecine à Québec (1957), de Jean-Paul Lemieux, a été réinstallé dans un nouvel espace aménagé pour lui. Une plateforme légèrement surélevée et d'une autre couleur que celle du plancher a été installée devant ce grand tableau, pour créer une mise à distance des passants.
Plateforme installée devant l'œuvre.
Photo 5 : © CCQ, Michel Élie.
Un choix inadéquat de matériaux peut causer une instabilité inhérente. Plusieurs points sont à considérer lors du choix des matériaux et de la conception d'une peinture.
Aide-mémoire pour le choix des matériaux lors de la conception
Châssis :
Photo en lumière rasante d'un détail de La descente de la croix d'Yves Tessier (1800-1847). Marques de châssis
assemblage de bois sur lequel on tend une toile.châssis défigurant un tableau ancien, situation qui peut tout aussi bien se produire avec une œuvre contemporaine.
Photo 6 : © CCQ, Michel Élie
Profil d'un châssis
assemblage de bois sur lequel on tend une toile.châssis chanfreiné.
Photo 7 : CCQ, Éloïse Paquette.
Profil d'un châssis
assemblage de bois sur lequel on tend une toile.châssis non chanfreiné.
Photo 8 : CCQ, Éloïse Paquette
Qualité des matériaux :
Compatibilité des matériaux :
Conception :
Pour la pérennité des œuvres, se souvenir :
Le cadre fait souvent partie de l'œuvre et est lui-même parfois considéré comme une œuvre d'art. Il est important de conserver l'encadrement d'origine pour son style, sa beauté ou son authenticité. En plus de sa fonction esthétique, le cadre protège l'œuvre, notamment en :
L'absence de cadre rend les peintures plus vulnérables aux manipulations, mais ceci peut constituer un choix de l'artiste. Toujours vérifier auprès de l'artiste si tel est son souhait.
Pour protéger l'œuvre, le cadre doit répondre à plusieurs critères :
Des moulures en ressaut protègent davantage la surface peinte et les empâtements. Elles permettent également d'emballer l'œuvre sans que le matériel d'emballage entre en contact avec la couche picturale.
Détail d'un encadrement : plaque de métal pour maintenir le tableau dans le cadre, dos protecteur
panneau rigide fixé au revers du châssis
assemblage de bois sur lequel on tend une toile.châssis ou du cadre qui sert à protéger le tableau.dos protecteur en Coroplast® vissé au châssis
assemblage de bois sur lequel on tend une toile.châssis et anneau d'accrochage pour suspendre le tableau au mur.
Photo 9 : CCQ, Éloïse Paquette
Attention :
Dos protecteur
Fait d'une matière rigide et inerte, comme le Coroplast®, le dos protecteur
panneau rigide fixé au revers du châssis
assemblage de bois sur lequel on tend une toile.châssis ou du cadre qui sert à protéger le tableau.dos protecteur est coupé à la grandeur du châssis
assemblage de bois sur lequel on tend une toile.châssis et vissé sur ce dernier, au dos du tableau (voir photo 9). Il favorise la préservation des œuvres en :
créant un coussin d'air dans le creux du châssis
assemblage de bois sur lequel on tend une toile.châssis , réduisant ainsi les vibrations et les battements de la toile ainsi que les variations brusques d'humidité relative
protégeant le revers de l'œuvre de la poussière, de la saleté et des chocs
renforçant la structure du châssis
assemblage de bois sur lequel on tend une toile.châssis , réduisant ainsi les risques de torsion ou de gauchissement.
Sangle au revers d'un cadre pour faciliter
les manipulations d'une peinture de grande
dimension.
Photo 10 : © CCQ, Michel Élie.
Poignée au revers du châssis
assemblage de bois sur lequel on tend une toile.châssis d'un tableau non
encadré pour faciliter les manipulations.
Photo 11 : CCQ
Certaines peintures n'ont ni cadre, ni châssis
assemblage de bois sur lequel on tend une toile.châssis . On les nomme « toiles libres ». Elles sont plus à risque d'être endommagées. L'absence de système d'accrochage entraîne des problèmes difficiles à résoudre. Pour limiter les risques de dommages :
Système d'accrochage sécuritaire
Des anneaux et des crochets adaptés au type de mur et au poids du tableau diminuent les risques de chute, l'une des principales sources de dommages causés aux œuvres. Les précautions suivantes doivent être prises.
Accrochage des peintures de grand format
Une peinture de grand format est plus difficile à déplacer et à accrocher. Planifier les manœuvres et les déplacements et s'assurer qu'un nombre suffisant de personnes participent à l'opération. Les actions des membres de l'équipe doivent être coordonnées par un maître d'œuvre. L'utilisation d'un échafaudage est souvent nécessaire pour accrocher le tableau en hauteur.
Lors de l'accrochage :
La vigilance est de mise lors de la manipulation de tableaux. Les erreurs et les accidents survenant lors de manipulations sont à l'origine de plusieurs dommages. Certaines œuvres sont plus vulnérables aux manipulations, notamment les œuvres :
Lors de situations particulières, comme une délocalisation, consulter un restaurateur.
Consulter la fiche Manipulations dans la Boîte à outils pour obtenir des renseignements supplémentaires sur les manières de protéger les peintures lors des manipulations.
Un emballage adéquat limite les dommages causés par les chocs et les vibrations et diminue les risques de détérioration liés à l'humidité. Consulter les fiches Emballage et transport des peintures et Le cadre MTR
Cadre de manutention, de transport et de réserve.cadre MTR dans la Boîte à outils pour obtenir des renseignements supplémentaires sur l'emballage des tableaux encadrés ou non encadrés.
Les œuvres d'art public sont rarement transportées. Il peut toutefois arriver qu'une peinture ait besoin d'un traitement de restauration. Dans ce cas, elle devra être déplacée par son propriétaire.
Par ailleurs, l'artiste aura à transporter son œuvre réalisée en atelier à son futur emplacement. Consulter les fiches Emballage et transport des peintures et Le cadre MTR
Cadre de manutention, de transport et de réserve.cadre MTR dans la Boîte à outils pour obtenir des renseignements supplémentaires sur le transport des tableaux.
Consulter la section Élaboration d'un programme d'entretien pour en savoir plus.
La réception et l'accrochage du tableau constituent une occasion parfaite pour réaliser un premier constat d'état. Un restaurateur peut établir ce premier constat, qui servira de point de comparaison pour évaluer l'état du tableau lors d'une inspection annuelle. Il est recommandé d'inspecter la peinture régulièrement, au moins une fois l'an, par une personne désignée comme responsable de la conservation et de l'entretien de l'œuvre. Consulter la fiche Constat d'état sommaire pour les peintures dans la Boîte à outils pour obtenir un modèle de constat pour les peintures.
Au moment d'établir le constat d'état, porter attention aux aspects suivants.
Les tableaux monochromes, ceux présentant de grands aplats de couleurs ou des empâtements, les acryliques ou les tableaux avec des surfaces mates sont très fragiles. Un simple frottement peut en altérer la surface. Les précautions suivantes s'imposent :
Beaucoup de dommages sont causés aux œuvres lors de travaux de rénovation ou de peinture. Si de tels travaux sont prévus à proximité de l'œuvre, s'assurer qu'elle soit bien protégée.
Si le tableau est de grand format, le laisser en place et le couvrir :
En cas de travaux majeurs :
Si nécessaire, décrocher le tableau, l'emballer, l'identifier et l'entreposer en lieu sûr.
Date de mise à jour : 13 juin 2016