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Un village fantôme restauré

Le village historique de Val-Jalbert, dans la région du Saguenay-Lac-St-Jean, place le visiteur au cœur des années 1920 dans un authentique village de compagnie. Parmi la quarantaine de bâtiments d'origine, on retrouve, outre des maisons d'habitants, un couvent-école, un magasin général et un moulin à papier longeant la puissante chute Ouiatchouan, plus haute que les chutes du Niagara.

En 2009, les gestionnaires du site de Val-Jalbert mettent en branle un important chantier de restauration et de mise en valeur du site. De nombreux ouvriers s'activent à la construction d'un pavillon d'accueil ainsi qu'à la restauration de l'usine et d'autres bâtiments anciens. La toiture de l'usine et les fenêtres sont refaites à neuf. Dix-neuf toitures de maisons sont refaites en bardeau de cèdre rouge de l'Ouest canadien. Un débroussaillage est effectué pour dégager les maisons. La Corporation du parc régional de Val-Jalbert désire alors repeindre en blanc et vert, comme à l'origine, huit maisons de la rue St-Georges.

Photo montrant l'une des maisons.La demande faite au Centre de conservation du Québec est « de fournir une expertise technique pour la conservation du patrimoine bâti du village, en particulier en ce qui a trait à la restauration des bâtiments en bois ». Deux restaurateurs de l'atelier des meubles se déplacent donc pour examiner les bâtiments du site au printemps 2010 ; ils sont accompagnés de deux restaurateurs de l'atelier métal-pierre devant fournir une expertise visant la conservation des équipements, expertise qui a fait l'objet d'un rapport distinct.

Des maisons grises et tristes

Photo présentant la surface d'une maison altérée par les éléments.

Le déclin de bois recouvrant les murs de quatre de ces maisons du début du XXe siècle avait perdu sa peinture originale et présentait une surface grisonnante, érodée et fissurée. Par ailleurs, les planches étaient encore bien solides et le bois était sain sous la surface. De nombreux clous de fixation du parement étaient apparents. Ils étaient rouillés, mais présentaient une forme de corrosion relativement stable.

Les quatre autres maisons avaient déjà été restaurées une quarantaine d'années auparavant. Le parement en déclin de bois de conifères avait été peint avec une peinture à l'alkyde. La couche de peinture restante était mince et son adhérence laissait à désirer. Il en manquait à certains endroits et le bois exposé était grisonnant.

Photo montrant la mauvaise adhérence de la peinture sur le déclin de bois. Photo présentant le déclin de bois pelucheux.

Un entrepreneur avait fait un test de décapage derrière l'une de ces maisons. Le produit de décapage utilisé avait laissé le bois pelucheux.

Pour retrouver un cachet d'antan : bien préparer le bois

La peinture restante sur quatre des maisons présentait un problème d'adhérence et il était préférable de la retirer entièrement. La préparation de la surface reste toujours un facteur déterminant pour la durabilité de la couche de peinture appliquée par la suite. Si la surface est mal préparée, des problèmes d'adhérence, entre autres, peuvent survenir, rendant nécessaire la reprise du travail.

Photo montrant le déclin après le décapage mécanique.Dans le rapport d'expertise, les restaurateurs ont indiqué que le décapage de cette peinture pouvait se faire selon trois méthodes : mécanique, thermique et chimique. Les trois méthodes faisaient appel à des matériaux, des produits et des consignes spécifiques.

Il était conseillé ensuite, tant pour les maisons décapées que pour celles dont la peinture était déjà disparue, de débarrasser les surfaces de la couche de bois grisonnant et des traces de moisissures afin d'assurer une meilleure adhérence de la peinture et favoriser sa durabilité. Pour réaliser cette opération, trois options étaient proposées : le ponçage, le traitement avec un produit commercial ou le traitement avec une solution d'eau de Javel additionnée d'un détergent. Si l'une des deux dernières options était retenue, les restaurateurs recommandaient, après le rinçage et le séchage, de poncer la surface afin de couper les fibres du bois qui se soulevaient et d'enlever les résidus de bois qui n'adhéraient pas correctement.

Photo montrant l'étape de nettoyage de la surface du déclin de bois avec une solution nettoyante. Photo montrant la surface après le nettoyage. Photo montrant la surface après le séchage.

Par ailleurs, avant l'opération de ponçage, il était important de chasser les têtes de clou apparentes et de boucher les trous avec un mastic pour l'extérieur pouvant être poncé et peint. Cette précaution visait à limiter l'apparition de taches de rouille, particulièrement disgracieuses sur une finition blanche.

Pour vérifier si la surface était prête pour la peinture, un test était suggéré : il s'agissait de déposer quelques gouttes d'eau sur la surface afin de vérifier si le bois se mouillait bien. Si ce n'était pas le cas, il fallait relaver la surface avec une solution et rincer.

Une fois la surface propre et prête pour la peinture, il était recommandé de peindre sans trop tarder pour éviter une contamination. Par ailleurs, il fallait s'assurer que la surface soit bien sèche, c'est-à-dire que le taux d'humidité soit de 15 % ou moins (mesurable à l'aide d'un appareil). Une période de 3 à 5 jours de temps sec permet généralement d'atteindre ce taux.

Une teinture opaque spécifique pour le bois extérieur a été recommandée. L'utilisation d'un produit supérieur contribue à réduire la fréquence d'entretien.

À l'arrière des maisons, à la rencontre des toitures, les restaurateurs avaient observé que l'eau coulait sur le mur, en raison de l'absence de gouttières. S'il n'était pas possible d'installer des gouttières, ils recommandaient de traiter le bois, avant de le peindre, avec un produit imperméabilisant protecteur pour le bois pouvant être peint.

Pour les autres maisons du site

Photo d'une maison à laquelle on a préservé la patine au centre.Si, pour les maisons autres que celles de la rue St-Georges, la Corporation du parc régional de Val-Jalbert désirait plutôt préserver la patine grise, les restaurateurs ont recommandé de laisser le pourtour aéré. Il était donc préférable de débroussailler ou de couper les arbres gênants afin de permettre au parement de sécher rapidement après la pluie.

L'application d'un produit imperméabilisant avec filtre ultraviolet et fongicide prolonge la durée de vie des parements au bois nu et des toitures en bardeau. Ce type de produit est plus efficace sur du bois sain que sur du bois dont la surface est déjà fragilisée par les agents atmosphériques. Il doit être appliqué régulièrement, tous les deux ou trois ans, sur du bois sain, possiblement plus souvent sur du bois grisonnant. Un produit spécifique incolore ou légèrement teinté a été recommandé pour cet usage.

Photo montrant une des maisons dont le toit est éventré.Les restaurateurs ont également mentionné qu'il était inutile d'appliquer des produits de préservation sur les bâtiments dont la toiture était éventrée puisque l'eau s'infiltrait dans la structure, la faisant ainsi pourrir. Garder le pourtour de ces bâtiments dégagé permettrait un assèchement plus rapide de l'intérieur.

Quatre maisons en cours de traitement

Enfin, juste avant le dépôt de leur rapport, les restaurateurs ont appris que des travaux avaient été entrepris sur les quatre maisons restaurées dans les années 1970. La peinture avait été décapée mécaniquement et une couche de gomme-laque avait été appliquée sur toutes les surfaces. Cette dernière opération avait rendu nécessaire la modification de la procédure prévue pour ces quatre maisons. La gomme-laque peut effectivement être utilisée pour sceller les nœuds et empêcher la résine de s'en écouler, du moins pour le bois présent à l'intérieur. Lorsqu'il est question de bois extérieur, la gomme-laque ne fait que retarder l'écoulement de la résine qui finit par apparaître lorsque le soleil la chauffe et la liquéfie. De plus, la gomme-laque, qui est en fait un vernis, forme un film lisse qui empêche le transfert d'humidité et qui ne favorise pas l'adhérence de la peinture. Cette dernière finit donc par peler. Si elle est utilisée, la gomme-laque doit être appliquée exclusivement sur les nœuds et être poncée avant l'application de la finition. Comme la gomme-laque avait déjà été appliquée sur toutes les surfaces, les restaurateurs ont recommandé de les poncer, puis d'appliquer une couche d'apprêt spécifique. Une teinture opaque spéciale a ensuite pu être appliquée.

Date de mise à jour : 14 décembre 2011

Gouvernement du Québec, 2021
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