Cette œuvre qui se déploie au travers du bâtiment
se compose de divers éléments sculpturaux. À l'entrée
de la bibliothèque on trouve trois sections de verre peint
en grisaille montrant la bibliothèque avec des livres
enchaînés. À l'intérieur de cette verrière trois moniteurs
sont intégrés. Chaque appareil est relié à une caméra
vidéo qui retransmet en direct des images de l'intérieur de
la bibliothèque Webster symbolisant l'accessibilité au savoir
: soit le comptoir de prêt, le photocopieur et un rayon
d'encyclopédies.
Photos 1 et 2 : Claude Michaud
Détails de Sans titre (1992) de Effets publics
(Rose-Marie Goulet, Alain Paiement, Randy
Saharuni, Bernard Denis, Guy Bellavance), installée
à l'Université Concordia au Pavillon J.W. McDonnell,
Bibliothèque Webster.
De tout temps, la technologie a été mise au service de l'art. Cette pratique a connu une recrudescence au début du XXe siècle, à la suite de l'invention de la photographie, de la radio puis du cinéma. Au fil des décennies, les nouvelles technologies se sont multipliées et ont rapidement été intégrées dans tous les domaines artistiques, incluant l'art public.
Appropriation des technologies dans le domaine des arts selon les décennies
Décennie Technologies
1960-1970 Apparition de la vidéo
1970-1980 Arrivée des ordinateurs personnels
1990-2000 Explosion des technologies, progrès fulgurants dans les domaines de la robotique, du jeu vidéo, du web, de la réalité virtuelle, des réseaux sociaux, etc.
Au Québec, les premières œuvres d'art technologique public ont été créées dès les années 1960. Bien qu'elles ne constituent qu'un faible pourcentage des œuvres d'art public produites jusqu'à ce jour, leur nombre avait déjà doublé dans les années 1990, puis triplé dans les années 2000. Le fait que la technologie devienne plus accessible et offre toujours plus d'avenues créatrices laisse présager une augmentation exponentielle de ce type d'œuvres dans les années à venir et une multiplication des défis relatifs à leur préservation.
L'intégration des nouvelles technologies dans les arts a transformé les formes des œuvres et les moyens de les diffuser. Ces bouleversements obligent à repenser les approches en matière de préservation et de conservation de ces œuvres qui présentent des enjeux qui leur sont propres.
Transcendence (1967) de Walter Fuhrer, installée sur le campus Loyola de l'Université Concordia à Montréal, devant le Hingston Hall.
Cette œuvre d'art public cinétique en acier peint a été créée en 1967 à l'occasion de l'Exposition universelle de Montréal. Un moteur actionne l'élément central.
Photo 3 :
Source : Université Concordia, coll. d'art public
http://web2.concordia.ca/publicart/
À l'image des procédés qu'elles empruntent, les œuvres d'art technologique adoptent d'innombrables formes et font appel à divers matériaux. Certaines œuvres sont de nature relativement simple, par exemple :
D'autres sont plus complexes et peuvent incorporer des éléments faits sur mesure, plus ou moins sophistiqués.
Parfois sculptures, installations ou même espaces virtuels, les œuvres à caractère technologique sont plus que des objets fixés dans un espace donné. Elles intègrent une dimension supplémentaire à celles des œuvres traditionnelles, soit la forme et la profondeur; elles sont aussi de nature temporelle.
La temporalité peut s'exprimer à plusieurs niveaux, par exemple à travers le défilement des images d'un film ou d'une projection vidéo, une trame sonore dans une installation, l'illumination d'ampoules électriques selon une séquence programmée par ordinateur ou simplement par le mouvement de formes au moyen d'éléments motorisés. La temporalité peut aussi se manifester à l'intérieur d'une œuvre virtuelle diffusée sur le web, ou encore à travers une interaction avec le spectateur.
Le rôle et l'importance d'une composante
Élément, partie, pièce.composante technologique au sein de l'œuvre varient également d'un artiste à l'autre, selon :
Une œuvre peut comporter ces deux types de composantes à la fois. La préservation des qualités « essentielles » et « fonctionnelles » soulève des questionnements qui détermineront le choix de l'approche adoptée au cours d'une intervention de conservation ou de restauration.
Les éléments employés dans la production et la présentation des œuvres d'art technologique sont très variés. Ils reflètent les technologies existantes au moment de leur création et témoignent par le fait même d'un moment précis de l'histoire. Leur préservation constitue un argument contre le remplacement arbitraire des composantes technologiques lorsqu'elles cessent de fonctionner (voir la section Plan global de préservation).
Il peut s'agir d'éléments audiovisuels, photographiques, informatiques, mécaniques, robotiques, biotechnologiques, etc. Les œuvres peuvent aussi inclure des éléments sculpturaux, graphiques, organiques, ou nécessiter la participation du spectateur.
Important
Déterminer avec l'artiste les critères de variabilité de l'œuvre dès sa conception. Ils orienteront les choix futurs lorsque des réparations seront nécessaires ou lorsqu'il faudra obtenir des pièces de remplacement.
Verrière de Jean-François Cantin intitulée Translucide (2001). Palais des Congrès de Montréal.
Cette verrière interactive comporte des dispositifs lumineux programmés par ordinateur qui projettent l'ombre des passants sur sa face intérieure.
Photo 4 :
Source : http://www.circa-art.com/J.F._Cantin__Palais_des_congres.html
On distingue quatre grandes catégories de composantes pouvant entrer dans la confection d'une œuvre d'art technologique :
Une œuvre d'art public comporte souvent des éléments non technologiques. Certains sont uniques et faits sur mesure : éléments sculpturaux, graphiques, peints, etc. Ils participent à la mise en forme et à l'aspect esthétique de l'œuvre.
D'autres sont de nature fonctionnelle. Leur apparence peut varier sans nuire à la compréhension de l'œuvre. C'est le cas d'une installation vidéo nécessitant un écran de projection. L'artiste ne limiterait pas le choix de l'écran à un modèle spécifique, mais exigerait que l'écran réponde à certains critères de dimensions ou de mode de présentation. Dans ce cas, l'artiste permettrait l'utilisation d'un écran suspendu au plafond, accroché au mur ou posé au sol sans que cela enfreigne l'intégrité de l'œuvre telle qu'il la conçoit.
Parmi les autres éléments non technologiques d'une œuvre, mentionnons :
Installation photographique de Jean-François Cantin, intitulée Image site (1998), au Centre d'hébergement du Centre-ville de Montréal, Hôpital St-Charles-Borromée.
Cette installation photographique est composée d'éléments technologiques (projections numériques) et non technologiques (deux éléments sculpturaux et quatre écrans).
Photo 5 : Louis-Antoine Blanchette.
Le terme analogique
Phénomènes, appareils électroniques, composantes électroniques et instruments de mesure représentant une information par la variation d'une grandeur physique (ex. : une tension électrique)analogique désigne les phénomènes, appareils électroniques, composantes électroniques et instruments de mesure qui représentent une information par la variation d'une grandeur physique (ex. : une tension électrique). La mesure d'une valeur naturelle (ou d'un élément de signal électrique ou électronique) varie de manière analogue à la source. L'information (son ou image, par exemple) est enregistrée sur un support médiatique de manière continue, sans subir de transformation. (Source : Techno-science.net)
Les technologies analogiques ont dominé le XXe siècle jusqu'aux années 1990, alors que les technologies numériques ont connu un essor considérable.
Les supports d'information analogiques les plus courants sont :
Quelques exemples de pièces d'équipement analogique
Phénomènes, appareils électroniques, composantes électroniques et instruments de mesure représentant une information par la variation d'une grandeur physique (ex. : une tension électrique)analogique sont :
Le terme numérique est surtout employé en informatique et en électronique, en ce qui a trait au son, à la photographie ou à la vidéo. L'information numérique a été quantifiée et échantillonnée. En informatique, l'information est traduite en code binaire (séries de 0 et de 1) lors de sa captation, puis retraduite en son ou en image par un appareil de lecture lors de sa diffusion (lecteur CD, lecteur DVD, etc.).
Les supports d'information numériques les plus courants sont :
Quelques exemples de pièces d'équipements numériques :
La majorité des œuvres technologiques requièrent une alimentation électrique et divers éléments destinés à les faire fonctionner. Le plus souvent, ce type d'équipement se trouve en quincaillerie et joue un rôle davantage utilitaire qu'esthétique.
Quelques exemples de pièces d'équipements électriques :
Le choix de l'emplacement de l'œuvre influence le choix des matériaux et des éléments utilisés dans sa confection. Un technicien spécialisé dans l'équipement utilisé peut donner des conseils et suggérer l'équipement le mieux adapté suivant qu'il sera utilisé à l'intérieur ou à l'extérieur.
Certaines composantes technologiques sont sensibles aux caractéristiques de l'environnement dans lequel elles se trouvent, telles que :
Les manuels d'utilisation et d'entretien donnent de l'information utile sur les conditions environnementales acceptables pour l'équipement. En cas de doute, consulter un technicien ou un représentant qui sera en mesure de vous conseiller sur le choix de l'équipement approprié.
Pour les oeuvres extérieures
Les composantes technologiques peuvent devenir des cibles privilégiées lors d'actes de vandalisme. En outre, elles peuvent présenter des risques d'incendie ou d'électrocution lorsqu'elles sont endommagées.
Pour protéger une oeuvre du vandalisme et des dommages accidentels
Spirale Technologique (2004) de Joëlle et Rolf Morosoli, installée au Centre de Formation Professionnelle de Lachine, Pavillon Dalbé-Viau, Montréal.
Détail : la pose d'un boîtier transparent autour des
composantes technologiques de cette sculpture cinétique
est un excellent moyen de les protéger contre la
poussière, l'humidité et le vandalisme.
Photos 6 et 7 : Louis-Antoine Blanchette.
Tout élément technologique a une durée de vie limitée et nécessite un entretien régulier, voire le remplacement cyclique de certaines pièces. L'accès aux pièces doit donc être facile.
L'appareillage électrique doit répondre à certains critères de sécurité. Il doit :
Pour en savoir plus, consulter la fiche Normes de sécurité relatives à l'installation et à l'entretien de l'appareillage électrique dans la Boîte à outils.
De plus, les boîtes électriques, les blocs d'alimentation et le filage devraient :
Sculpture multimédia interactive de Denis Poirier intitulée Cerveau III recherche une idée
(1975), installée au Palais de Justice de Salaberry-de-Valleyfield.
Photo 8 : CCQ, Stéphanie Gagné
L'installation électrique de cette œuvre d'art public a fait l'objet d'une mise aux normes en 2011. Certains fils d'origine étaient raccordés avec du ruban adhésif électrique aujourd'hui dégradé, et les fils étaient laissés en suspension libre dans la pièce.
Les équipements électriques et électroniques ne sont généralement pas conçus pour fonctionner 24 heures sur 24. Cependant, certains équipements sont plus robustes et sont conçus pour un usage continu. Par exemple, les moniteurs de présentation sont plus durables que les écrans de téléviseurs. Consulter un technicien en audiovisuel pour obtenir des conseils sur le choix des équipements.
Pour augmenter la longévité des composantes électriques et électroniques
L'équipement utilisé pour la lecture et la diffusion médiatique devrait :
D'autres mesures peuvent prolonger la durée de vie des équipements électriques ou électroniques.
Les œuvres d'art technologique sont sensibles aux conditions environnementales dans lesquelles elles sont conservées et exposées, dont :
Différents matériaux requièrent différentes conditions. Identifier toutes les composantes est un bon moyen de comprendre les besoins spécifiques de l'œuvre.
Il existe de nombreux types de plastiques et de caoutchoucs. Ces matières peuvent être chimiquement instables. Elles peuvent aussi être sensibles aux facteurs environnementaux tels que la chaleur, l'oxygène, les rayons ultraviolets, les polluants et les cycles de gel-dégel. Exposés à ces facteurs, les plastiques et les caoutchoucs peuvent développer des microfissures, durcir, devenir plus opaques ou se décolorer.
Par exemple, lorsqu'ils s'oxydent, les gainages d'isolation s'assèchent et développent des microfissures, ce qui peut les rendre perméables et accélérer la dégradation du fil conducteur.
Pour prolonger la vie des plastiques et caoutchoucs
Pour les œuvres extérieures
En tout temps
Les fils de métal laissés à découvert ont tendance à s'oxyder et à se corroder en présence d'humidité. L'oxydation et la corrosion peuvent :
Pour protéger les fils, câbles et autres éléments métalliques
Pour obtenir plus d'information sur la conservation du métal, consulter la section Métaux.
La majorité des défaillances électriques ne sont pas causées par un événement majeur comme la foudre, mais plutôt par des connexions desserrées, l'humidité, la saleté, une surtension ainsi que d'autres causes mineures. Soixante-quinze pour cent des défaillances électriques sont attribuables à une erreur humaine, de la négligence et une formation inadéquate du personnel à un entretien et une maintenance inappropriés.
Les moteurs et engrenages sont particulièrement sensibles :
Pour protéger les appareils électriques
Les appareils électroniques sont sensibles aux décharges électrostatiques qui peuvent causer des dérèglements internes ou des bris permanents. Les risques de décharge électrostatique
voir électricité statique
Les atomes qui composent la matière peuvent être neutres ou chargés. Si un atome perd un électron, il est chargé positivement, tandis que s'il gagne un électron, il est alors chargé négativement. Le frottement d'un matériau électrostatique provoque une accumulation d'électrons. Le matériau est alors chargé négativement et attire tout ce qui a une charge positive. Une démonstration simple est faite avec une règle en Plexiglas® que l'on frotte sur un chandail en laine. Si l'on approche ensuite la règle de petits morceaux de papier, ceux-ci seront happés par la règle.électricité statiqueélectrostatique sont augmentés par un bas taux d'humidité.
Les interférences de signaux parasites peuvent perturber la clarté des images de télévision et affecter la performance des systèmes audio et des ordinateurs.
Plusieurs caractéristiques entrent en ligne de compte dans le choix des conditions d'utilisation et d'entreposage des supports d'information contenus dans une œuvre. En effet, les supports électroniques :
Il est important d'identifier les supports d'information contenus dans une œuvre afin de leur procurer les meilleures conditions d'utilisation et d'entreposage possibles.
La poussière se déposant sur les surfaces du support ou des têtes de lecture des appareils peut causer des éraflures, entraînant des bris ou des pertes d'information.
Les bandes magnétiques sont faites de matériaux instables. Certains sont plus susceptibles de se détériorer chimiquement. Voici quelques exemples de détérioration chimique.
Un entreposage adéquat prolonge la durée de vie des matières, mais il sera éventuellement nécessaire de transférer l'information sur un nouveau support. Consulter la section Plan global de préservation pour obtenir plus de détails sur le transfert de données.
Des moisissures peuvent se déposer sur le support ou à l'intérieur des appareils de lecture s'ils ne sont pas bien entretenus ou conservés dans un environnement propre et sec.
Un mauvais entretien des équipements de lecture ou de l'équipement de mauvaise qualité peuvent causer des dommages aux supports (étirement de la bande, rayure, etc.) entraînant une perte de l'information. Veiller à tester l'équipement et à en faire un entretien régulier approprié.
Une mauvaise manutention ou des conditions d'entreposage inadéquates peuvent occasionner des bris. Voici quelques mesures à adopter pour assurer une meilleure conservation.
Des champs magnétiques puissants ou l'exposition à un champ magnétique sur une longue période de temps peuvent entraîner la démagnétisation d'un support magnétique, causant une perte d'information. Veiller à entreposer les supports magnétiques loin des sources de champs magnétiques (téléviseurs, ordinateurs, haut-parleurs, moteurs, transformateurs, génératrices, câbles électriques, etc.).
Un mauvais choix de méthode de transfert de l'information peut mener à une perte irréversible d'information, voire, à l'impossibilité de présenter l'œuvre selon l'intention originale de l'artiste. Toute décision de transfert doit être prise en accord avec l'artiste, le détenteur du droit d'auteur et selon les recommandations d'un restaurateur et d'un technicien expérimentés.
Pour obtenir des renseignements plus techniques sur les méthodes d'entreposage, consultez la section Soins des collections sur support électronique des petits musées et archives sur le site Internet de l'Institut canadien de conservation.
On parle d'obsolescence quand un bien d'équipement est dépassé par l'apparition d'équipements plus performants incorporant des progrès techniques plus récents.
Le phénomène d'obsolescence caractérisant les éléments qui composent les œuvres technologiques pose un défi considérable sur le plan de la conservation.
La préservation d'une œuvre d'art technologique implique de conserver la fonctionnalité des composantes. Pour contourner le phénomène d'obsolescence d'une manière préventive, on peut :
Composer avec l'obsolescence
Bien qu'il soit possible de se procurer des pièces de remplacement, tôt ou tard, les technologies disparaissent ou deviennent incompatibles avec les nouvelles technologies (pensons aux diapositives, films 16 mm, disquettes 8", 5 ¼", pour ne nommer que ceux-là).
Il faut alors recourir à des procédés de préservation plus radicaux, comme la migration ou l' émulation
Émuler une œuvre consiste à en imiter l’apparence d’origine par des moyens différents. Le terme peut s’appliquer en général à la re-fabrication des composantes d’une œuvre, comme c’est le cas des re-fabrications et reconfigurations essentielles à la préservation d’œuvres conceptuelles, minimalistes et de performance. Dans le domaine des médias numériques, l’émulation a toutefois un sens spécifique. Un émulateur est un logiciel qui « trompe » le code original en lui faisant croire qu’il active toujours l’équipement original, permettant ainsi à ce logiciel conçu pour un ordinateur obsolète de fonctionner avec un ordinateur contemporain. (Voir Seeing Double, sur le site deVariable Media Network / Réseau des médias variables)émulation , pour assurer la longévité de l'œuvre. Cette option soulève des questions quant au respect de l'intégrité de l'œuvre et de l'intention de l'artiste. Ce type d'intervention doit faire l'objet d'une évaluation approfondie en concertation avec les intervenants impliqués dans la conservation de l'œuvre (propriétaire, artiste, technicien, restaurateur).
L'acquisition d'une œuvre
L'intégration d'une œuvre d'art technologique dans un espace public donne accès à des œuvres uniques et souvent ludiques qui interpellent le public d'une manière plus directe. Une œuvre d'art technologique qui ne fonctionne plus perd son sens et ne respecte pas la création de l'artiste. Pour en maintenir la fonctionnalité, un suivi rigoureux doit être assuré.
L'acquisition d'une œuvre d'art technologique exige donc un engagement responsable de la part de l'acquéreur et de l'artiste afin d'anticiper les changements technologiques et d'envisager les solutions possibles pour y faire face.
Prévoir un budget d'entretien
Le propriétaire de l'œuvre doit prévoir un budget annuel relatif à l'entretien de l'œuvre. Ce budget prévoit :
Pour en savoir plus
Depuis plusieurs années, divers comités réunissant des experts issus de domaines reliés à la production, la collection et la préservation des œuvres d'art médiatiques ont produit de nombreux outils décisionnels et des documents pratiques destinés aux institutions et aux individus collectionneurs afin de les orienter dans les diverses étapes d'acquisition, de conservation et de restauration des œuvres. Parmi ceux-ci, notons l'initiative canadienne de l'Alliance de recherche DOCAM et le projet du consortium international Matters in Media Art
.
La conservation des œuvres technologiques demande une compréhension globale de l'œuvre sur les plans conceptuel et technique afin de respecter l'intention de l'artiste.
Toute intervention doit se faire dans le respect de l'intégrité de l'œuvre, c'est-à-dire en préservant les qualités essentielles définies par l'artiste. Cette intégrité touche autant l'aspect physique que conceptuel. Ces qualités sont spécifiques à chaque œuvre et il n'existe pas de manuel de préservation préconçu.
Il faut s'assurer :
La documentation est le premier pas vers un plan de préservation efficace. Elle assure que l'intégrité de l'œuvre :
La documentation doit être suffisamment détaillée pour permettre de reproduire l'œuvre sans l'aide de l'artiste.
Note
Pour obtenir de l'information sur la documentation ou pour obtenir des modèles de documents à utiliser au moment de l'acquisition de l'œuvre, consulter la section Outils du Guide de catalogage des collections nouveaux médias publié sur le site web de DOCAM.
Electronic Arts Intermix (EAI) publie également un guide sur les points techniques incontournables pour l'installation et la préservation des œuvres technologiques. Pour le consulter, se rendre à la section Préservation de son site Internet.
Dès la réalisation d'une œuvre, avec la collaboration de l'artiste, colliger au dossier de l'œuvre les renseignements suivants.
Pour en savoir plus sur l'élaboration d'un programme d'entretien, consulter la section Élaboration d'un programme d'entretien du guide.
De façon générale, afin d'assurer un entretien optimal des œuvres d'art technologique :
Une inspection annuelle de l'œuvre est conseillée afin de suivre l'état de conservation et intervenir si nécessaire. Au moment d'inspecter l'œuvre, porter attention aux éléments suivants.
Lorsqu'un support médiatique est endommagé ou que l'équipement servant à sa lecture se brise et ne peut être remplacé, il faut transférer l'information sur un nouveau support qui pourra alors être lu par un autre appareil.
Transférer des données est une opération fréquemment exécutée en milieu domestique : copie d'un CD de musique sur un ordinateur personnel, transfert des documents d'un ordinateur à une clé USB, etc.
Tout transfert d'information comporte des risques de perte d'information, particulièrement lorsqu'il y a compression (ex. : sauvegarde d'une image numérique en format .JPG). De plus, une succession de transferts peut éventuellement causer une perte d'information importante qui porte atteinte à l'intégrité de l'œuvre.
Attention
La conservation des données et des métadonnées est cruciale pour préserver l'intégralité de l'œuvre. Toute opération de transfert devrait ainsi être effectuée avec de l'équipement de qualité par un technicien qualifié, sous la supervision de l'artiste ou d'un restaurateur qui assurera un contrôle de la qualité.
Puisque la durée de vie des supports médiatiques est limitée, la plupart des experts s'entendent pour dire que l'information qu'ils contiennent devrait être migrée de façon cyclique afin de prévenir la tombée en obsolescence ou la perte d'information attribuable à la dégradation du support.
Il est donc recommandé :
Pour obtenir plus d'information sur l'instauration d'un calendrier de migration, consulter le site web de l'Alliance de recherche DOCAM.
Le transfert d'information : une décision à ne pas prendre à la légère
Toute information contenue sur un support est considérée comme partie intégrante de l'œuvre originale et est sujette à la Loi sur le droit d'auteur. (Voir la section Respect du droit d'auteur)
La duplication
Action de dupliquer un document original afin d'en créer une copie exacte, au moyen d'un cliché, d'une matrice ou d'une surface de transfert intermédiaire entre l'original et la reproduction. (Dictionnaire des arts médiatiques, GRAM)duplication ou la migration de l'information contenue sur un support médiatique ne peuvent s'effectuer de façon libre et arbitraire, parce que ces actions :
La préservation des données et des métadonnées est cruciale pour préserver l'intégralité de l'œuvre. Toute opération de transfert devrait être effectuée sur de l'équipement de qualité par un technicien qualifié, sous la supervision de l'artiste ou d'un restaurateur qui assurera un contrôle de la qualité.
Afin de répondre aux questions soulevées par la nécessité d'un transfert, l'Alliance de recherche DOCAM a conçu un « arbre décisionnel ». Il permet de comprendre le problème et d'en arriver à la solution appropriée pour préserver une œuvre d'art médiatique. Il est disponible sur son site.
Différentes approches peuvent être adoptées pour le transfert de l'information, selon les besoins.
En art technologique, le sujet des droits d'auteur soulève un questionnement du fait que la duplication
Action de dupliquer un document original afin d'en créer une copie exacte, au moyen d'un cliché, d'une matrice ou d'une surface de transfert intermédiaire entre l'original et la reproduction. (Dictionnaire des arts médiatiques, GRAM)duplication ou la migration d'une œuvre sur un nouveau support est protégée par la Loi sur le droit d'auteur. En vertu de cette loi, le détenteur du droit d'auteur a « [
] le droit exclusif de produire ou reproduire la totalité ou une partie importante de l'œuvre, sous une forme matérielle quelconque [
] » (L.R.C., 1985, chapitre C-42, art. 3 - Ministère de la Justice Canada
).
Il est donc interdit de dupliquer, migrer ou d'émuler une œuvre sans l'accord du détenteur du droit d'auteur.
Il peut être très coûteux de payer des droits d'auteur pour chaque vague de duplication
Action de dupliquer un document original afin d'en créer une copie exacte, au moyen d'un cliché, d'une matrice ou d'une surface de transfert intermédiaire entre l'original et la reproduction. (Dictionnaire des arts médiatiques, GRAM)duplication ou de migration. Afin de prévenir les litiges liés aux interventions préventives, il est important :
Pour obtenir de l'information supplémentaire sur la question des droits d'auteur, consulter la fiche Droits d'auteur dans la Boîte à outils.
La conservation des œuvres d'art technologique doit préconiser une approche globale qui comprendra la prolongation de la vie physique des composantes et leur éventuelle transformation pour assurer la compatibilité des technologies obsolètes avec les nouveaux moyens de stockage ou de diffusion de l'information. Si cette avenue n'est pas toujours souhaitable, elle constitue parfois l'unique garantie de survie de l'œuvre à travers les changements technologiques.
Date de mise à jour : 13 juin 2016