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L'emballage et le transport des objets

Rémillard, France, 1995 (Révision 2011). Conservation préventive dans les musées. Manuel d'accompagnement, pages 47 à 54.

Jamais les biens culturels n'ont autant voyagé : des centaines d'œuvres transitent chaque année dans les musées lors d'expositions itinérantes et d'échanges internationaux ou encore entre la réserve logée parfois à l'extérieur du musée et le bâtiment principal.

Ces déplacements accroissent les risques de détériorations : déchirures, fentes, fêlures, bris, corrosion et taches dues à la condensation. Certains effets du transport ne sont pas immédiatement décelables. Il faut parfois quelques années avant qu'un dommage ne devienne apparent. On parle peu de ces accidents mais rares sont les musées qui n'ont pas à en déplorer.

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La politique de prêt

Comment s'assurer qu'une œuvre peut voyager? Quelles sont les raisons qui peuvent justifier un prêt ou un refus de prêt? Quelles procédures permettent d'assurer la sécurité au cours d'un transport? Comment réduire les risques d'accident? En se dotant d'une politique de prêt, le musée précise par écrit les consignes et les critères de base lui permettant d'autoriser ou de refuser le prêt d'une œuvre à une institution.

Les raisons justifiant un refus sont liées tant à la fragilité intrinsèque de l'œuvre, qu'à son état de conservation, qu'à l'institution emprunteuse. La politique de prêt mentionne les types d'œuvres que l'on refuse souvent de prêter. Elle précise aussi les limites très strictes qui régissent le prêt de certains objets. Celle du Musée des beaux-arts de Montréal, par exemple, stipule que certaines de leurs œuvres fragiles à la lumière ne peuvent être exposées plus de 5 mois sur une période de 5 ans.

D'autres pièces, très populaires, sont constamment demandées et risquent plus d'être détériorées. On refuse de prêter ces vedettes si leur présence à une exposition n'est pas essentielle. Le format ou le poids d'un objet rendent parfois le transport trop risqué. Outre les raisons de refus inhérentes à l'œuvre, la politique de prêt mentionne également les conditions d'emprunt des œuvres de la collection : consignes climatiques ou de sécurité, durée du prêt, délais de préparation de l'œuvre, etc.

Une telle politique aide à éviter les décisions arbitraires et procure des arguments de poids pour résister à certaines pressions qui peuvent s'exercer sur les conservateurs.

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Le constat d'état

Le constat d'état permet de s'assurer que l'objet peut voyager. Lors d'un examen minutieux on évalue son état et sa vulnérabilité particulière. On décide s'il peut être exposé tel quel ou s'il nécessite un traitement préalable. On recommande de compléter le dossier avec une bonne documentation photographique de l'œuvre, montrant des vues générales et des détails.

Avant d'acquiescer à une requête de prêt, on s'assure que l'institution emprunteuse dispose du personnel et des installations requis pour l'accueil et la manutention de l'œuvre. Dans le cas des grands formats, on s'assure également que les portes et les corridors d'accès en permettent le passage et  qu'à destination,  les équipements et les espaces de manutention seront adéquats.

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Le contrat de prêt

Lorsque le prêt est accepté, la rédaction d'une entente permet au prêteur d'énoncer les conditions de transport et d'exposition. Elle précise l'éclairage, la température et l'humidité relative requis. Elle signale au besoin qu'une œuvre doit être exposée en vitrine ou mise à distance pour éviter le contact direct avec les visiteurs. Elle peut aussi contenir des précisions relatives à l'emballage, au transporteur, à la présence d'un convoyeur. Consultez le modèle d'entente préparé par la Société des musées québécois.

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La préparation pour le voyage

Avant l'emballage de l'œuvre, on entreprend les opérations de conservation préventive requises. Si l'œuvre doit absolument voyager dans son encadrement vitré, on pose sur le verre un quadrillage de ruban gommé. On installe un dos protecteur
panneau rigide fixé au revers du châssis
assemblage de bois sur lequel on tend une toile.
châssis
ou du cadre qui sert à protéger le tableau.
dos protecteur
au revers des peintures. On fabrique des supports pour la vannerie et les objets souples. On attache, on bloque ou on retire les éléments mobiles ou amovibles comme les tiroirs, les portes, les balanciers d'horloges, les parties emboîtées et les couvercles non vissés. Ces opérations effectuées, on peut passer à l'emballage proprement dit.

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L'emballage

Pour l'œuvre en transit, l'emballage agit comme un moyen de protection contre les intempéries et les éléments extérieurs. Il doit ralentir les variations de température et d'humidité, absorber les chocs et atténuer les vibrations inévitables lors du transport. Mais d'abord et avant tout, il réduit   les dommages qui surviennent lors des manutentions de transfert et pendant le déplacement.
On choisit le type d'emballage en fonction du poids et du format de l'objet et des risques du voyage. S'il est parfois possible de se passer de caisse, il est rare qu'un objet puisse voyager sans aucun emballage.

Il est essentiel de stabiliser le taux d'humidité (ou hygrométrie) autour des objets pendant le transport. Les matériaux d'origine animale et végétale se contractent, se fendent et s'assèchent lorsque l'humidité relative diminue. Lorsqu'elle s'élève, ils se gonflent et se déforment, la corrosion des métaux s'accélère et les moisissures se développent.

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La protection contre les chocs hygrométriques

Afin de stabiliser l'hygrométrie dans l'emballage,  il suffit de réduire le volume d'air disponible autour de l'objet, puisque c'est avec cet air que se font les échanges d'humidité. Pour réduire le volume d'air, on enveloppe et on scelle l'objet dans un matériau coupe-valeur, le plus souvent une pellicule ou un sac de polyéthylène ou du plastique à bulles. On évite de mettre le polyéthylène directement sur les peintures : on placera au préalable sur le cadre une feuille de carton ou de plastique cannelé.

La protection contre les chocs thermiques

Parce que certains matériaux, dont les plastiques, les cires, les peintures et les adhésifs, deviennent cassants au froid et ramollissent à la chaleur, on évite de les soumettre à des écarts importants de température. Ces chocs thermiques risquent de provoquer, à l'intérieur des caisses, des changements hygrométriques auxquels on attribue de nombreux dommages. Au Canada, lorsqu'on doit effectuer le déplacement d'œuvres durant l'hiver, on utilise des véhicules chauffés, sinon on reporte à une date ultérieure. Une bonne planification des déplacements est donc essentielle.

À cette exigence s'ajoute la nécessité de fournir à l'objet une bonne isolation thermique qui ralentira le changement de température à l'intérieur de l'emballage, sans toutefois l'éviter. Bien qu'efficace lors des transbordements, des transports de courte durée et en cas de déficience de l'équipement de chauffage du camion, cette isolation ne peut remplacer le recours à un véhicule à température contrôlée requise pour les objets les plus fragiles.

Le simple bon sens dicte plusieurs façons de protéger les objets du froid et de la chaleur. Lorsqu'un objet doit voyager dans une caisse, on en tapisse les parois avec des panneaux de mousse de polystyrène, économiques à l'achat et faciles à trouver. De plus, lorsque les œuvres voyagent pendant l'hiver, on demande à l'institution emprunteuse d'attendre de 24 à 48 heures avant d'ouvrir les caisses. Cela permet à la température interne de la caisse de s'équilibrer lentement à la température du lieu d'accueil.

La protection contre les chocs

Pendant le transport et les transbordements qui accompagnent la livraison des objets les risques de dommages causés par les chocs  sont accrus. L'objet doit absolument être bloqué en position, de façon à éviter tout déplacement dans son emballage et dans le véhicule de transport  De plus, il ne doit jamais s'appuyer contre les parois de la caisse. Afin de prévenir les déplacements de l'objet dans son emballage,  il faut le caler avec des matériaux souples ou rigides suivant son poids. Au besoin, des amortisseurs de chocs complètent la protection. Pour les objets lourds, les cales peuvent être en bois. Un matériau souple est alors inséré entre l'objet et la pièce de bois qui sert à l'étayer afin de bien matelasser le contact. ( photo étayage)
Lorsqu'une caisse doit loger plusieurs objets, on place les plus lourds au fond. Toutefois comme la caisse risque de se trouver sens dessus dessous pendant le transport, chaque objet doit être matelassé et bloqué à l'intérieur de son compartiment individuel et ce compartiment doit être suffisamment fort pour supporter, sans se déformer, le poids de l'objet le plus lourd.
Il est également possible de tailler des mousses aux contours de l'objet. Certains objets peuvent ainsi être sertis dans des blocs de mousse constitués  de plusieurs panneaux conformés de l'objet assemblés à la colle chaude. (photo sertissage- mousse) Une bonne pratique consiste alors  à numéroter les pièces de matériau d'emballage, de façon à faciliter leur réutilisation au moment du retour.

Plusieurs matériaux peuvent servir à amortir les chocs : plastique à bulles, polystyrène en pépites ou en panneaux, coton, papier chiffonné non encré, mousse de polyéthylène ou de polyuréthane, bourre de polyester. On utilise souvent des mousses de polyéthylène et de polyuréthane.

Certaines mousses de couleur blanche ou grise qu'on trouve chez les vendeurs spécialisés en emballage sont  peu compressibles; on les utilise pour les objets lourds. Les mousses crème, vendues à bon compte au rayon des matériaux de rembourrage, se présentent en différentes densités.  Elles sont très utiles pour la protection des objets notamment  ceux qui sont plus légers. Afin de prévenir l'abrasion et les taches causées qui pourraient être causées par les mousses, on intercale entre la mousse et l'objet un tissu doux : jersey, flanelle ou un feutre synthétique.

Le choix du matériau d'amortissement doit tenir compte du poids de l'œuvre. Une évaluation simple consiste à vérifier que la mousse sous l'objet peut s'affaisser sous l'effet d'une légère pression exercée sur l'objet qu'elle supporte. L'ICC a mis au point une règle à calcul pour la sélection des produits de calage qui permet de déterminer la surface, l'épaisseur et la densité de mousse à utiliser en fonction du poids de l'objet.
Les pépites et les panneaux de polystyrène ne sont pas conseillés pour amortir les coups. Ils  se compriment après le premier impact et deviennent par la suite inefficaces. En plus de se comprimer, les pépites se déplacent vers le haut sous l'effet des vibrations du transport. De plus, étant électrostatiques, leur utilisation répétée se solde par l'introduction de poussière dans les caisses. Lorsqu'on décide de les utiliser, les pépites devraient toujours être contenues dans des sacs bien fermés. Les matériaux en feuilles, tels les papiers et les plastiques à bulles, servent surtout à construire des nids pour caler les objets légers.

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La protection contre les vibrations

Durant les déplacements, l'objet est soumis à des vibrations. Celles-ci peuvent disloquer les assemblages, causer des bris, des éraflures et des usures et risquent aussi de provoquer la fissuration et l'écaillage de la couche picturale des peintures. C'est pourquoi il faut réduire le mouvement de tous les matériaux susceptibles de vibrer pendant le transport en empêcher le mouvement des pièces mobiles.

On évite ces dommages en préparant adéquatement l'œuvre ou l'objet. C'est la raison pour laquelle on immobilise ou on retire les éléments mobiles des sculptures, des meubles et des objets articulés. Le dos protecteur
panneau rigide fixé au revers du châssis
assemblage de bois sur lequel on tend une toile.
châssis
ou du cadre qui sert à protéger le tableau.
dos protecteur
au revers des peintures réduit le mouvement de la toile.

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L'innocuité des matériaux

Certains objets, en particulier les métaux, risquent d'être affectés par les émanations du bois, des peintures et des vernis, ainsi que par celles émises par plusieurs adhésifs et par la plupart des gels au silicone utilisés pour sceller les joints dans les caisses. Pour cette raison, on évite de peindre les surfaces intérieures des caisses; on pose au besoin un coupe-vapeur sur le bois et on scelle les joints avec du ruban d'aluminium autocollant. Comme coupe-vapeur, on peut utiliser une pellicule d'aluminium plastifié du genre Marvelseal® ou encore une pellicule de polyéthylène. On évite d'utiliser des adhésifs à l'intérieur de la caisse.

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La caisse

Le choix des matériaux de fabrication d'une caisse dépendra des caractéristiques de l'objet à emballer, de la durée du voyage, du nombre de transits sur l'itinéraire et du mode de transport. On opte généralement pour le bois mais, à l'occasion, on peut utiliser du carton, du plastique, du métal ou une combinaison de ces matériaux.

Une œuvre accompagnée d'un convoyeur et effectuant un trajet simple ne nécessite pas la même protection qu'une autre préparée pour un circuit d'exposition de plusieurs mois, avec plusieurs escales et divers modes de transport. L'objectif est toujours de fournir la protection optimale à un coût abordable.

La caisse doit être suffisamment solide pour supporter son contenu sans se déformer et pour résister aux impacts qui surviennent durant les déplacements. Elle doit posséder une bonne assise au sol. Toutefois, certains objets commandent des caisses hautes et étroites. Elles exigent une surveillance accrues pendant les transbordements. C'est le cas des peintures qui supportent mieux le transport lorsqu'elles voyagent verticalement. Durant le transport,  toutes les caisses devront être solidement fixées aux parois du véhicule. Pour les objets particulièrement fragiles, il est préférable de recourir au double encaissage. Dans ce cas, une boîte ou une caisse intérieure sert à est bloquer l'objet en position et celle-ci est suspendue dans une autre caisse  au moyen de mousses servant à l'absorption des chocs.

Le design de la caisse devrait mettre en évidence la direction pour la déplacer et la ranger : la position des poignées, des patins et des loquets peut servir de guide. Le mode d'ouverture permet d'avoir facilement accès au contenu. Des couvercles complètement détachables, retenus par des vis, des loquets ou des charnières démontables facilitent l'ouverture. Les vis constituent le moyen le plus rapide et le plus économique de fixer un couvercle mais à l'usage elles se révèlent fastidieuses et perdent de leur ancrage dans le bois si les   caisses sont souvent utilisées. Les couvercles ne doivent jamais être fixés par des clous, dont la pose transmet beaucoup de vibration et complique la réutilisation des caisses. L'ouverture latérale est souvent plus appropriée pour les objets lourds ou de grandes dimensions; s'ils doivent être soulevés avec un transpalette, on aura prévu  à l'intérieur les dégagements nécessaires. (photo caisse)

À l'extérieur, des poignées judicieusement placées faciliteront les déplacements. On posera sous la caisse des patins qui l'isoleront du sol et faciliteront au besoin le recours à des équipements roulants.

On inscrit clairement à l'extérieur de la caisse les noms et adresses du destinataire et de l'expéditeur, ainsi que les indications concernant son orientation, sa fragilité aux chocs ou à l'eau. On insère à l'intérieur les instructions pour le déballage et une liste du contenu dont une copie a déjà été expédiée au destinataire.

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Les moyens de transport

La plupart des dommages causés aux objets en transit résultent d'impacts survenant durant les transbordements. On doit donc privilégier les moyens de transport directs. En Amérique du Nord, on préfère avoir recours au camion, parce qu'il peut venir au musée prendre son chargement et le livrer directement, sans transbordement, à l'institution emprunteuse. Ce n'est pas le cas du transport par avion, par train et par bateau.

Pour le transport outre-frontière, on doit au préalable faire les inspections d'usage et régler le dédouanement. Idéalement les caisses ne doivent jamais être ouvertes à la frontière. Assurez-vous que la compagnie avec laquelle vous ferez affaire est expérimentée dans le transport de biens culturels et qu'elle dispose de camions bien entretenus, climatisés,  et dotés d'une suspension hydropneumatique.

L'avion représente un moyen coûteux mais rapide et efficace d'effectuer de longs parcours et des transports outre-mer. Si possible, on demandera que le chargement soit maintenu dans la zone des passagers qui est chauffé et pressurisée plutôt qu'en soute. Si toutefois les caisses doivent voyager à cet endroit, on augmentera leur capacité thermique. Les vibrations sont minimales pendant le voyage. On craint surtout les risques d'impacts survenant pendant les manutentions.

Les déplacements par bateau sont lents et exigent des caisses spécialement conçues. Les caisses doivent supporter les chocs transmis parles méthodes de manutention avec grues et crochets. Elles doivent également résister aux  importantes compressions résultant de l'empilement des caisses dans les containers. Les conditions environnementales sont souvent hors de contrôle. Ce mode de transport est généralement réservé à l'envoi d'œuvres solides, très lourdes ou de très grandes dimensions.

Le train exige également des caisses spécialement conçues et l'acheminement à destination nécessite des transbordements. L'attelage des wagons génère d'importantes ondes de choc dont il faut tenir compte au moment de l'emballage.

Quelque soit le mode de transport choisi, il faut toujours que toutes les marchandises à l'intérieur de l'espace de chargement d'un véhicule de transport soient solidement arrimés afin d'éviter qu'elles se déplacent pendant le parcours. ( photo halage)

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Le convoyeur

Parfois le musée jugera nécessaire de faire accompagner un objet ou une collection par un convoyeur qui supervisera l'emballage et le transport jusqu'à sa destination. Cette personne doit être informée de la nature et des particularités de manipulation de son chargement, de la valeur et de l'état des objets qu'elle accompagne. Elle doit connaître les transporteurs, l'itinéraire, les formalités de dédouanement, les noms et adresse du responsable désigné dans l'institution hôte. Le convoyeur surveille les manœuvres de transbordement, de déballage et de mise en exposition. Il complète et rapporte avec lui le constat d'état vérifié et signé.

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En résumé

Tous les objets ne présentent pas les mêmes besoins de protection. On veillera à bien protéger chacun au moment de l'emballage et du transport. Les caisses seront conçues et fabriquées en tenant compte de la fragilité de l'objet ainsi qu'en fonction du mode et de la durée du déplacement

Bibliographie et vidéographie

Date de mise à jour : 16 juin 2016

Gouvernement du Québec, 2021
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