Le 10 juin 2015, le maître-autel de l'église Sainte-Famille de Boucherville a finalement repris sa place, après 4 années de travaux de restauration effectués par le Centre de conservation.
En 2002, la fabrique décide d'entreprendre des travaux majeurs dans l'église Sainte-Famille. Les responsables en profitent alors pour demander au Centre de conservation une évaluation de tous les meubles de l'église. Le Centre a donc procédé à l'évaluation préliminaire du maître-autel, des autels latéraux et des motifs appliqués.
À ce moment, le mot d'ordre est « préservation ». Il n'est donc pas question de restauration et aucun traitement majeur n'est envisagé. On parle plutôt de dépoussiérer, de nettoyer les surfaces, de refixer des soulèvements et de terminer le tout par quelques retouches légères.
Réalisé par Gilles Bolvin en 1745, tous sont d'accord pour dire que le tabernacle est une pièce exceptionnelle. Les experts confirment même que sous ses nombreuses couches, se cache encore une dorure magnifique. Mais le retour à l'état d'origine serait une tâche trop longue pour être envisagée à ce moment.
En 2009, la fabrique envisage de faire redorer son meuble. Et cette fois, c'est le Conseil du patrimoine religieux qui fait une nouvelle demande d'évaluation au Centre.
Les restaurateurs évaluent qu'une redorure n'est pas souhaitable. Ils sont convaincus qu'il faudrait plutôt enlever les nombreuses couches afin de mettre en valeur la qualité et la finesse de ce qui a été caché au fil du temps.
Avec l'accord du Conseil, cette option est retenue. Un test est alors effectué sur deux petites parties du tabernacle et une estimation est faite pour connaître la somme de travail à faire sur le meuble. Les résultats du test sont sans équivoques et persuadent tout le monde d'aller de l'avant!
Puisque le lieu de culte est très fréquenté et que le maître-autel est partie prenante du décor, la fabrique souhaite qu'il reste sur place. Le meuble est donc restauré selon deux modes bien distincts. Le tombeau et plusieurs garnitures sont traités sur place alors que le tabernacle est démonté pièce par pièce et transporté dans les ateliers du Centre.
Lors de leurs visites à l'église, les restaurateurs procèdent au retrait de la peinture cachant la magnifique marbrure.
Dans l'église, les parties démantelées sont tour à tour remplacées par des photographies grandeur nature afin de ne pas dénaturer l'ensemble. De l'aveu de tous, l'effet est plus que réussi!
A : Partie du tabernacle avant restauration.
B : Partie du tabernacle en cours de restauration au CCQ, remplacée par le panneau photo.
C : Partie du tabernacle après restauration.
Les restaurateurs doivent faire de nombreux aller-retours entre Québec et Boucherville pour y traiter le tombeau et quelques garnitures in situ. Ils effectuent également la dépose des parties à traiter ainsi que les dernières retouches et s'assurent de la réussite du trompe-l'œil créé par la photo.
Au Centre, le tabernacle est divisé en six parties. Une fois les soulèvements et les écailles fixés et consolidés, la plus grande partie du traitement consiste à libérer la dorure originelle.
La photo de gauche montre le meuble avec la partie remplacée par le panneau photo. La seconde photo présente la partie en cours de restauration au Centre.
Le dégagement des couches peut débuter. Cette technique requiert une grande minutie car la feuille d'or est d'une minceur extrême (moins d'un micron d'épaisseur), ce qui ne laisse aucune place à l'erreur!
Les premières couches, plus épaisses, sont retirées à l'aide de solvants. Les produits utilisés étant toxiques, le tout s'effectue sous cagoule dans un espace clos.
Vient ensuite le travail de précision. Afin de ne pas altérer la feuille d'or, le dégagement est terminé à l'aide de solvants, de scalpels et de cotons-tiges. Une fois les surfaces nettoyées, les manques sont comblés et retouchés avec des matériaux réversibles.
Des photos anciennes de l'œuvre indiquent qu'une colombe est disparue de la gloire de l'impériale. Après quelques recherches, celle-ci est retrouvée dans la sacristie où elle orne une grille de la chapelle. Elle est donc décrochée, restaurée et remise en place sur le tabernacle.
D'autres éléments, cassés ou sommairement réparés, sont consolidés, voire refaits à l'identique. Le meuble doit être le plus proche possible de son aspect d'origine.
C'est après plus de 5000 heures de travail que les paroissiens de Sainte-Famille ont enfin pu admirer ce bijou. 17 restaurateurs ont contribué à redonner à ce chef-d'œuvre son éclat d'antan et participé à ce traitement unique en son genre.
Posant fièrement devant l'œuvre achevée, ils ont enfin pu dire mission accomplie!
Date de mise à jour : 14 décembre 2011