Les travaux de restauration de l'art public dans le métro de Montréal constituent un vaste chantier s'échelonnant sur plusieurs années. Les défis posés pour chaque œuvre sont plus ou moins complexes tels des graffitis à enlever ou des réparations de bris majeurs à effectuer.
Le cas de la verrière monumentale retraçant l'histoire de la musique à Montréal, réalisée par Frédéric Back en 1967 pour la station de métro Place-des-Arts, illustre bien le caractère particulier des interventions menées par les restaurateurs. Composée d'une cinquantaine de vitraux enchâssés dans une armature en fer, la verrière est installée devant un mur de tubes fluorescents qui diffusent une lumière au travers du dessin translucide.
Chaque panneau est une superposition de quatre à six verres. Un premier panneau en verre trempé texturé (1) protège chaque vitrail et produit, par diffusion de la lumière transmise, un effet de vibration optique aux verres colorés sous-jacents. Derrière ce premier verre, un autre verre non texturé et transparent (2) recouvre un verre plus épais peint avec de la peinture automobile noire (3), dont les motifs ont été obtenus par grattage de la surface. Pour la plupart des panneaux s'ajoutent en arrière deux plaques enduites de vernis colorés transparents (4 et 5). Le dernier panneau est un verre blanc dépoli sans peinture (6). Les plaques de verre sont collées les unes aux autres par une résine époxy.
Située dans un lieu de passage, la verrière a été vandalisée en 2008, occasionnant des bris majeurs à l'un des panneaux de verre. Pied de nez du destin, le verre de protection n'a subi aucun dommage En revanche, les cinq autres verres en arrière ont tous été brisés selon des plans de fracture inégaux.
L'ampleur des dégâts défiait les possibilités techniques d'une restauration, mais étant donné que ce panneau était une des parties constitutives de l'ensemble, on pouvait difficilement le soustraire à l'unité sans compromettre l'harmonie de l'œuvre. En outre, pour l'artiste, son remplacement n'était pas une option envisageable. Aussi, en concertation avec ce dernier, il a été convenu d'en tenter la restauration.
Le défi de cette restauration a donc été de pouvoir isoler les fragments, de façon à les nettoyer, à les repositionner et à les recoller par infiltration en tenant compte des contraintes suivantes :
Les verres ont été remontés en tenant compte des diverses contraintes qu'imposait le vitrail. Des bouchages ont été réalisés sur les panneaux 2 et 6 de façon à améliorer le rendu visuel. Le vitrail a ainsi pu réintégrer sa place d'origine dans la verrière, à la grande joie de l'artiste et au bénéfice de tous. De l'avis de plusieurs, cette restauration est l'une des prouesses de l'équipe du Centre en 2009.
Date de mise à jour : 14 décembre 2011