Maurice Duplessis est le fondateur et chef du parti politique conservateur l'Union nationale. Premier ministre de 1936 à 1939 et de 1944 à 1959, il était le défenseur de la religion catholique et de l'entreprise privée. Ses adversaires ont qualifié son règne de "Grande Noirceur". Cependant, c'est à son gouvernement que l'on doit notre fleurdelisé, tel qu'on le connaît aujourd'hui.
Cette banderole politique témoigne d'une époque et de la personnalité d'un homme qui lui en a conféré toute sa signification. Mesurant 570 cm sur 60 cm, elle date de 1948 et a été acquise d'un citoyen collectionneur par le Musée québécois de culture populaire en vue de son exposition dédiée à Duplessis et nommée Duplessis donne à sa province. Sur chacune des deux faces, on peut y lire ce slogan, peint à la main en rouge et encadré par un drapeau québécois, imprimé au pochoir, à chaque extrémité.
Le tissu était très sale et taché sur les deux faces en raison de son usage extérieur et de son entreposage prolongé dans un endroit inapproprié. Les deux extrémités étaient décousues et la toile était déchirée par endroits. Les coutures étaient fragiles et, aux emplacements où elles manquaient, étaient tenues par des épingles qui ont rouillé avec le temps. La présence de moisissures, aujourd'hui inactives, était fort probable. Un nettoyage à l'eau et au détergent a toutefois été écarté, car des tests avaient révélé que la peinture rouge était sensible à l'eau et au frottement.
La première étape a consisté à dépoussiérer la banderole en surface à l'aide d'un aspirateur muni d'un filtre HEPA afin de dégager un maximum de saleté, un travail effectué avec une protection appropriée et sous hotte. La toile a ensuite été nettoyée à l'aide d'une gomme éponge. On a ensuite procédé à un second dépoussiérage. Ce nettoyage ne concernait que le tissu de fond; les lettres et les motifs imprimés ont été contournés. Par la suite, la toile a été traitée sur les deux faces avec une solution d'éthanol dilué et en couvrant les sections peintes avec des caches. Ce nettoyage a permis d'assécher les moisissures et d'atténuer la mauvaise odeur. Les épingles corrodées ont également été retirées.
Des tests ont été réalisés sur des échantillons de coton peints afin de déterminer le meilleur moyen de consolider la peinture. Pour éviter d'atteindre le tissu avec le fixatif choisi, des caches laissant apparaître uniquement les lettres peintes ont été préalablement posées. Plusieurs couches de fixatif ont été appliquées jusqu'à ce que le pigment soit stable au frottement. La couleur est également devenue plus saturée.
Les bordures défaites ont été recousues à la main à l'aide d'un fil de coton écru. De la même manière, les zones affaiblies ou déchirées ont été consolidées avec un fil de coton écru et du fil de soie très fin aux couleurs assorties à celles de l'original.
Un nouveau système d'accrochage a été créé afin de prévenir d'autres déchirures causées par les cordes d'origine : les deux extrémités ont été repliées et cousues à la main pour créer un ourlet permettant d'enfiler des baguettes de plexiglas munies d'œillets métalliques. La banderole peut dorénavant être suspendue par ces deux extrémités avec du fil de nylon attaché aux œillets. Les cordages d'origine peuvent être tendus pour recréer la méthode de suspension originale sans toutefois devoir supporter le poids de l'objet.
Date de mise à jour : 14 décembre 2011