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Transcription de la vidéo Manuscrit de chants liturgiques en abénaquis

Marie Trottier, restauratrice d’œuvres sur papier du Centre de conservation du Québec, ministère de la Culture et des communications

En 2011, il y a le Musée des Abénakis qui nous a fait une demande de restauration pour un manuscrit. En fait, ils nous faisaient une demande de restauration de deux manuscrits très très très anciens, qui n’étaient absolument pas consultables, dans un état très précaire.

Alors je vous présente le manuscrit. Le manuscrit est un manuscrit de chants liturgiques écrit en abénaquis, par le père Joseph Aubery, mais il a été tellement utilisé, tellement manipulé, que les pages tombaient et qu’il y avait d’autres gens qui ajoutaient des petits mots, des choses comme ça. Alors, vous allez voir qu’il y a beaucoup de réparations qui ont été faites sur le manuscrit, avec presque 13 graphies différentes d’écriture.

Et pourquoi c’est écrit en abénaquis? Parce que les Abénaquis avaient des voix extraordinaires. Les Abénaquis, c’était un peuple qui chantait tout le temps. Ç’a été par le chant que le missionnaire Aubery a réussi à amadouer les Abénaquis et à leur apprendre à lire et à écrire dans leur langue à eux, qui était une langue orale au départ, puis ensuite, on a maintenant un témoin matériel par la langue écrite.

Emily Cloutier, restauratrice d’œuvres sur papier du Centre de conservation du Québec, ministère de la Culture et des communications

Quand il nous est arrivé aux ateliers du CCQ, le livre était dans sa couverture. La couverture est toujours intacte, quoiqu’elle soit usée et déformée.

Le problème était vraiment au niveau du corps d’ouvrage : ça, c’est les pages du livre, du manuscrit. Et on va voir que beaucoup des problématiques de conservation, de son état, étaient vraiment reliées à sa valeur historique. Alors, les personnes qui utilisaient le livre, ses utilisateurs, le consultaient fréquemment et pendant très très longtemps. Alors, toute cette consultation a endommagé le livre. Alors, on va y voir beaucoup de crasse, qui vient des doigts. On va voir des déchirures. On va voir des lacunes qui sont reliées à ça. Et ça, c’est parce que c’était un document qui était très important.

Patricia Bufe, restauratrice d’œuvres sur papier du Centre de conservation du Québec, ministère de la Culture et des communications

Premièrement, ce qu’on a fait, c’est dépoussiérer le document et retirer ce qu’on pouvait de la crasse qui était essentiellement présente au coin des pages. Cette étape est particulièrement importante puisque ça nous a permis de retrouver, de rendre lisible, des parties d’écriture qui étaient cachées sous la crasse.

Alors, dans un deuxième temps, on a procédé à la séparation de l’ensemble des cahiers. Ensuite, on a procédé au collationnement. C’est-à-dire de vérifier si le livre est complet, si toutes les pages sont présentes ou s’il y a des manques. Par la suite, on a procédé au lavage et au traitement des encres ferrogalliques. C’est-à-dire, en fait, de retirer les ions ferreux qui sont contenus dans les encres et qui dégradent le papier. Après ce traitement-là, on a procédé au réencollage de chaque page. Le réencollage permet de renforcer le papier après notamment des traitements aqueux comme celui qui a été fait précédemment.

Par la suite, on a procédé au renfort des zones d’écriture et de fendillement dans l’encre puisque, comme vous expliquait ma collègue, il y a plusieurs papiers, il y a plusieurs pages, en fait, qui avaient des zones d’écriture fragilisées, avec des lacunes. Donc, on a procédé au renfort. On utilise des papiers japonais et une colle spéciale pour renforcer ces zones-là. On a procédé au raccordement de toutes les pages en se servant du collationnement qu’on avait fait auparavant pour savoir quelle page allait avec quelle page.

Ensuite, on a procédé au renfort de toutes les déchirures du document. Également, le renfort des plis, des plis cassés, et puis de tous les fonds de cahier qui étaient amincis et fragilisés. Après ça, on a procédé au doublage de certaines pages qui étaient très très fragiles et très fragmentaires, donc on a décidé de les doubler avec un papier japonais très fin, pour être sûr que l’écriture soit encore lisible.

Enfin, tout ce qui est ici, en fait, ce sont les zones lacunaires qui ont été comblées avec le papier japonais. On en est également à cette étape-là, c’est-à-dire que tous les cahiers ont été recousus temporairement. Vous voyez ici la couture. En fait, ce traitement est fait en vue de la numérisation du document.

Mot de la fin

Donc, ça a été une restauration sur un très très long processus qui a demandé plus de 1500 heures de travail à 3 personnes.

 

 

Date de mise à jour : 13 mai 2021

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