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Commande de l'oeuvre aux artistes

Une fois l’emplacement décidé, le propriétaire ou le comité d’encadrement d’un projet d’art public doit s’assurer que l’inventaire des risques inhérents à cet environnement est fait. Ceux-ci peuvent affecter l’intégrité de l’œuvre à plus ou moins long terme. Les responsables du projet demandent ensuite aux artistes d’élaborer l’œuvre en tenant compte aussi bien de la description du projet et du type d’œuvre que des contraintes liées à son environnement et des exigences de la conservation.

Présentation de leur concept par les artistes

Les artistes peuvent concevoir leur œuvre à la lumière des précisions qui leur ont été fournies. Ils présentent leur concept en préparant :

  • une maquette
  • un document décrivant leur concept de création, de même que les matériaux et les techniques qu’ils entendent utiliser
  • un échéancier des travaux
  • des consignes pour l’entretien de l’œuvre sous forme de fiche
  • une estimation du budget requis pour la fabrication et l’entretien de l’œuvre.

Rôle des différents participants

En plus du propriétaire, de l’artiste, des membres du comité d’encadrement et de l’architecte s’il s’agit d’une intégration dans un nouveau bâtiment public ou d’un aménagement de site public, d’autres participants sont appelés à contribuer à différentes étapes du processus de conception, de réalisation et d’installation de l’œuvre. Il peut s’agir :

  • du spécialiste en art public
  • du restaurateur d’œuvres d’art
  • de l’ingénieur
  • des artisans et des autres collaborateurs.

Note

Il existe de nombreux projets de construction ou d’aménagement de sites, qui sont par ailleurs soumis à l’application de la Politique d'intégration des arts à l'architecture et à l'environnement des bâtiments et des sites gouvernementaux et publics – décret 955-96, ci-après appelée la Politique, pour lesquels le rôle de l’architecte est central et spécifié comme tel dans les procédures. Les autres projets d’art public, menés par des municipalités ou par des organismes qui ne sont pas soumis à l’application de cette Politique, peuvent suivre des processus de sélection des artistes et de choix des œuvres très différents. Ils n’interpellent pas toujours autant ou de la même façon l’architecte.

Rappelez-vous que dans toutes les situations, chacune des expertises complémentaires joue un rôle spécifique et essentiel dans la conservation d’une œuvre d’art public, ainsi que pour la réalisation, la conservation et l’entretien d’une nouvelle œuvre.

L’architecte ou l’architecte paysagiste

Dans un contexte de construction ou d’agrandissement de bâtiment ou d’aménagement d’un site, l’architecte ou l’architecte paysagiste joue un rôle central dans les projets d’art public. Cet expert effectue le suivi du projet au fil de chacune des étapes, tout en s’assurant que les conditions les plus propices à la bonne conservation de l’œuvre sont mises en place et maintenues.

Dans le cadre de la Politique d’intégration des arts à l’architecture et à l’environnement des bâtiments et des sites gouvernementaux et publics (voir Bibliographie, Service de l’intégration des arts à l’architecture), c’est souvent l’architecte ou l’architecte paysagiste qui élabore la proposition suggérant la nature de l’intervention et l’emplacement de l’œuvre en vue de la soumettre aux membres du comité d’encadrement lors de la première rencontre.

En tant qu’expert, l’architecte ou l’architecte paysagiste est en mesure de :

  • donner son avis sur la structure, le choix des matériaux et leur résistance
  • s’assurer de la disponibilité des systèmes électriques et mécaniques reliés à la présentation des œuvres, notamment pour l’éclairage ou pour toute autre source d’alimentation
  • fournir les plans et devis qui permettent de localiser les amenées d’eau, de gaz et d’électricité, les lignes souterraines et les réseaux de câblodistribution, ainsi que les gicleurs dans l’environnement de l’œuvre projetée
  • consolider des murs, aménager des drainages, dicter l’emplacement des entrées électriques, conseiller sur les socles et les ancrages
  • dans le cas de l’architecte paysagiste, donner aussi son avis sur le choix des végétaux qui existent ou qui seront plantés au périmètre de l’œuvre ou qui entoureront l’œuvre en guise de barrière et suggérer des aménagements horticoles appropriés au site et au concept.

Le propriétaire des lieux et de l’œuvre

Avec les membres du comité d’encadrement s’il y a lieu, le propriétaire des lieux et de l’œuvre participe  :

  • à la décision d’entreprendre un projet d’art public
  • au choix du type d’œuvre et du site prévu pour son aménagement
  • à la sélection du ou des artistes
  • à la réalisation du projet.

Il s’assure :

  • que l’artiste possède l’information sur les caractéristiques du site d’intégration
  • que l’artiste aura tout le soutien nécessaire de la part de l’architecte, de l’entrepreneur et de tout autre spécialiste pendant la réalisation du projet
  • que la proposition de l’artiste est réaliste en ce qui a trait à l’entretien et à la conservation de l’œuvre.

Dans le cas d’un projet découlant de la Politique d’intégration des arts à l’architecture et à l’environnement, le propriétaire ou son représentant fait partie du comité d’encadrement (voir Bibliographie, Service de l’intégration des arts à l’architecture). Il doit alors :

  • évaluer le type d’œuvre proposé et le lieu prévu par l’architecte pour son aménagement
  • juger de la pertinence du programme d’intégration
  • s’assurer, s’il y a lieu, que l’artiste aura tout le soutien nécessaire de la part de l’architecte, de l’entrepreneur et de tout autre spécialiste pendant la réalisation du projet
  • s’assurer que le programme d’entretien proposé par l’artiste est adéquat et réaliste.

Après la réalisation de l’œuvre, le propriétaire des lieux et de l’œuvre s’assure de :

  • constituer un dossier spécifique sur l’œuvre
  • recueillir auprès de l’artiste, de l’architecte et des autres intervenants comme le restaurateur, toute la documentation constituée pendant la réalisation de l’œuvre
  • conserver et tenir à jour la documentation constituée
  • tenir le registre des interventions en conservation et événements reliés à l’œuvre au cours de son existence
  • rendre ces documents disponibles lors de toute intervention qui implique l’œuvre.

Note

C’est le propriétaire qui est responsable de l’entretien et de la conservation de l’œuvre. Il a le devoir de nommer un gardien de l’œuvre ou un conservateur de la collection ou, à défaut, d’agir lui-même à ce titre.

Tout manquement à l’entretien et à la conservation de l’œuvre qui en causerait l’altération ou la perte est considéré comme une atteinte au droit d’auteur de l’artiste et peut entraîner une réclamation en justice.

Le comité d’encadrement d’un projet d’art public

Lorsqu’un tel comité est formé au moment de concevoir un projet d’art public, il peut être constitué des personnes suivantes :

  • le propriétaire ou son représentant
  • le représentant des usagers
  • un ou des spécialistes en art public. Il peut s’agir d’artistes spécialistes en arts visuels ou en métiers d’art, d’historiens de l’art, de commissaires ou de conservateurs de musées
  • le responsable de l’art public
  • l’architecte ou l’architecte paysagiste du projet
  • le représentant de la ministre de la Culture et des Communications, le cas échéant
  • d’autres collaborateurs.

Le comité d’encadrement intervient avant la conception de l’œuvre, en répondant à une proposition de programme d’intégration. Dans le cas des œuvres soumises à la Politique québécoise d’intégration, le projet est présenté par l’architecte (voir ci-dessus L’architecte ou l’architecte paysagiste). Le comité a notamment pour mandat de s’assurer que les meilleures conditions sont réunies pour la conservation de l’œuvre. Il veille à ce que l’artiste obtienne tout le soutien nécessaire de la part de l’architecte, de l’entrepreneur et de tout autre spécialiste pendant la réalisation de l’œuvre.

Le comité participe à la sélection des artistes invités à présenter leur concept de création. Les caractéristiques de l’œuvre retenue doivent répondre aux plus hautes exigences pour sa conservation. Pour bien arrêter son choix, le comité peut consulter des restaurateurs au sujet :

  • la durée de vie prévisible d’une œuvre
  • le choix des matériaux et des techniques utilisées
  • la méthode la plus appropriée pour son entretien et sa conservation.

Le responsable de l’art public

Après l’installation de l’œuvre, le propriétaire ou celui qui le représente en est le seul responsable pour ce qui est de sa conservation. Si l’œuvre appartient à une organisation comme une municipalité, une société de transport ou une entreprise privée, celle-ci peut mandater une personne ou une société en tant que responsable de l’œuvre ou de la collection d’art public, qui doit assumer la fonction de gardien ou de conservateur.

Le responsable de l’art public a aussi pour fonctions :

  • de dresser un inventaire de la collection, s’il y a lieu
  • de constituer un système de documentation des œuvres
  • si du personnel est attitré à l’entretien des œuvres, de le former pour qu’il procède sans les endommager et en respectant leur intégrité
  • en collaboration avec les artistes et un restaurateur d’œuvres d’art, d’implanter et de gérer un plan de conservation.

L’artiste

Au moment de la conception

L’artiste est appelé à prendre des décisions qui auront des répercussions à long terme sur la durabilité de son œuvre et sur son apparence. Elles auront aussi un effet sur la facilité de l’entretien et sur ses coûts. L’artiste doit donc :

  • considérer les conditions qui prévalent dans l’environnement d’intégration de son œuvre. Il doit entre autres tenir compte des conditions climatiques sur le site, des risques inhérents à la fréquentation des lieux, de la sécurité des personnes et de la protection de l’œuvre
  • identifier les matériaux durables et compatibles qui pourraient entrer dans la fabrication de son œuvre, de même que les techniques appropriées pour les assembler et les installer
  • s’assurer que les matériaux et les techniques employés par des artisans et des collaborateurs sont également adéquats et compatibles
  • prévoir les activités d‘un éventuel programme d’entretien de l’œuvre et faire connaître les dépenses qui y seront reliées
  • mener les consultations nécessaires auprès de spécialistes, tels que l’architecte, l’ingénieur et le restaurateur d’œuvres d’art.

Au moment de l’évaluation du projet

L’artiste doit déposer un document descriptif faisant état des points suivants :

  • concept de l’œuvre projetée, sa démarche, son thème, s’il y a lieu
  • devis technique avec liste des matériaux et des techniques envisagées pour la fabrication et l’installation, couleurs proposées, identification des principaux sous-traitants
  • devis budgétaire pour la réalisation du projet et pour son entretien
  • consignes concernant le respect de l’intention artistique quand il faudra renouveler les matériaux ou les remettre à neuf.

À la suite de l’installation

Il revient à l’artiste de :

  • documenter le concept de l’œuvre en rapport avec le lieu d’intégration, son point de vue sur la dégradation des matériaux et l’apparence de l’œuvre, comme la texture, le fini de surface ou la patine
  • fournir une description détaillée de son œuvre qui servira de base à la documentation. Cette description doit comprendre tous les renseignements sur les matériaux, comme le nom des produits et les marques de commerce, sur les techniques de fabrication, sur l’apparence souhaitée en termes de texture, de couleurs, de finition de surface, de données sur la patine artificielle. Elle doit aussi comprendre les coordonnées des artisans et des autres spécialistes qui ont collaboré à la production
  • produire un plan de l’installation de l’œuvre. Celui-ci doit contenir des schémas ou des photos, de même que des instructions claires sur les assemblages et les méthodes de fixage ou d’ancrage. Le nom des individus et des compagnies ayant participé au montage et à l’installation doit y être consigné
  • fournir ses spécifications et préférences pour la présentation de son œuvre, comme le type de socle, les techniques de fixation et d’ancrage, le type d’éclairage, les distances entre les éléments de l’œuvre ou l’ambiance souhaitée
  • finaliser une fiche d’entretien pour l’œuvre. Celle-ci doit indiquer, notamment, le type d’interventions souhaitées, leur fréquence, les méthodes appropriées, les produits nécessaires, les compétences requises, les coûts afférents prévus, les précautions à prendre. Demander l’aide d’un restaurateur pour valider cette fiche. Voir à ce sujet, la fiche Modèle de fiche d’entretien dans la Boîte à outils (PDF).

La portée de la responsabilité de l’artiste doit être précisée. L’étendue et la durée de la garantie liée à son intervention doivent notamment être établies, tout comme celles des collaborateurs à la réalisation de l’œuvre et à son installation.

L’artisan et les autres collaborateurs

L’artisan et les autres participants au projet collaborent avec l’artiste pour la réalisation de l’œuvre : verrier, céramiste, ingénieur en hydraulique ou fondeur y contribuent par leur expertise technique.

L’entente avec chaque artisan et chaque collaborateur doit être consignée au dossier de l’œuvre, par exemple sous forme de contrat. Les tâches et les responsabilités de chacun dans le projet doivent être spécifiées.

La portée de la responsabilité de chacun doit être précisée. L’étendue et la durée de la garantie liée à leurs interventions doivent notamment être établies. Le fondeur peut aussi fournir la recette de la patine qu’il a appliquée sur une sculpture ou donner un échantillon de la couleur finale obtenue et validée par l’artiste. Cette information s’ajoutera au dossier de l’œuvre.

L’ingénieur

L’ingénieur collabore avec l’artiste et les autres participants dès les premières étapes du projet d’art public. En tant qu’expert, il est en mesure de :

  • donner son avis sur la structure, le choix des matériaux et leur résistance
  • s’assurer du bon fonctionnement des éléments mécaniques et électriques de l’œuvre, s’il y a lieu
  • superviser l’installation des systèmes électriques et mécaniques reliés à la présentation des œuvres, notamment pour l’éclairage
  • faire des recommandations sur la meilleure façon d’accéder au mécanisme et aux pièces à l’intérieur des œuvres, notamment celles dans lesquelles intervient de la lumière
  • donner des conseils sur la meilleure façon d’accéder aux boîtes et aux systèmes en cas de bris
  • voir à la sécurité des installations mécaniques ou électriques, à leur efficacité et à leur durabilité
  • valider les dimensions, la profondeur et l’emplacement de la fondation, au besoin
  • vérifier la qualité du drainage du terrain, et ce, dès le choix de l’emplacement si le concept est haut et élancé, valider la capacité de l'ouvrage à supporter l'assaut de grimpeurs et les secousses sismiques. Faire approuver les ancrages par l’ingénieur.

Le restaurateur d’œuvres d’art

Le restaurateur d’œuvres d’art peut donner son avis sur le choix des matériaux et sur les techniques de fabrication et d’installation dès l’étape de la conception.

Le restaurateur peut aussi aider le responsable des œuvres de la collection d’art public à constituer un système de documentation des œuvres en fonction duquel est consigné au dossier de chaque œuvre :

  • les renseignements permettant de comprendre le concept
  • les techniques utilisées pour la fabrication et l’installation
  • les techniques qui permettront de suivre les interventions de conservation au fil des ans.

Fontaine commémorative James Simpson Mitchell.

Fontaine commémorative James Simpson Mitchell (1931), par William Hill, située dans le parc Mitchell, à Sherbrooke. Restauratrice discutant avec la responsable de l’entretien de l’œuvre. Photo : CCQ, Isabelle Paradis


 

Il peut également établir un devis d’entretien pour chaque œuvre ou aider à élaborer un programme d’entretien pour toute une collection. Si l’artiste s’est engagé à fournir lui-même une fiche d’entretien, il a avantage à consulter un restaurateur pour s’assurer de l’adéquation des mesures qu’il recommande.

Au besoin, le restaurateur conçoit un programme de formation pour les responsables de l’entretien. Il conseille aussi les administrateurs sur les façons de documenter les travaux de conservation des œuvres.

Le restaurateur peut élaborer, en collaboration avec le propriétaire, un plan de gestion de la collection et un échéancier comprenant :

  • un plan de restauration pour l’ensemble de la collection qui tient compte des priorités signalées dans des rapports d’état des œuvres
  • un plan continu pour l’entretien de la collection, à l’aide de la fiche d’entretien qu’il a produite pour chaque œuvre.

Le restaurateur respecte un code de déontologie. Il a l’obligation morale de consulter l’artiste chaque fois qu’un traitement de restauration important est envisagé.

S’il lui manque des renseignements pour compléter le dossier de l’œuvre, le restaurateur consulte l’artiste, l’architecte ou l’historien de l’art. En s’informant de l’intention première de l’artiste, du concept original ou des matériaux utilisés, il peut respecter l’intégrité de l’œuvre.

S’il s’agit d’une œuvre déjà en place, le restaurateur est le plus apte, étant donné sa formation, à évaluer les dommages qu’elle a subis et à suggérer les interventions appropriées.

Murale en céramique de Joseph Iliu.

Avant l’intervention – Les restaurateurs discutent des traitements envisagés avec les propriétaires et les artistes. Photo : Métro-Richelieu


 

Pendant l’intervention.

Pendant l’intervention – Une murale de céramique d’un ensemble de trois; œuvre de Joseph Iliu (1955), sur les murs extérieurs du marché Métro-Richelieu, à Montréal. Photo : CCQ


Le personnel d’entretien des œuvres

Le personnel d’entretien doit observer les mesures établies au programme d’entretien. Il doit utiliser des produits et des méthodes validées pour éviter d’endommager l’œuvre.

Il doit aussi consulter, au besoin, le responsable de la collection pour obtenir des avis éclairés. En cas de doute, mieux vaut qu’il s’abstienne d’intervenir.

Le personnel d’entretien doit enfin consigner dans le registre de l’œuvre les interventions qu’il effectue : leur nature, les produits utilisés, la date et, s’il y a lieu, la documentation photographique. Un modèle de registre des interventions est en préparation et sera déposé dans la Boîte à outils.

 

 

Date de mise à jour : 28 janvier 2020

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