Le missel de Saint-Gabriel

Le Missale Romanum (missel romain) est un livre liturgique qui rassemble les textes pour la célébration de la messe selon le rite romain. Confectionné en 1827, par Lugduni Apud M.P. Rusard, à Paris, l'ouvrage appartient à la Maison Saint-Gabriel de Pointe-Saint-Charles, à Montréal.

Une reliure gravement atteinte

La reliure du missel était en mauvais état : la couture de l'ouvrage était cassée au centre du dos, provoquant une fracture du cuir de recouvrement. Les coins des plats arrière et avant du missel étaient écornés et arrondis, le cuir parfois manquant. Un des coins était lacunaire. Le cuir des champs était généralement usé et, à certains endroits, délaminé et partiellement soulevé, notamment au dos. Les coiffes et tranchefiles avaient disparu.

Le corps d'ouvrage du missel était, quant à lui, relativement en bon état malgré un encrassement prononcé des pages et la présence de taches et de piqûres sur celles-ci. Les pages de garde avaient subi un jaunissement accentué qui s'était propagé dans les pages en vis-à-vis. Les pages centrales étaient décalées vers l'extérieur du livre et leurs bordures abîmées.

Enfin, des marque-pages de soie avaient été collés au dos de certaines pages et recouverts de languettes de papier pour en assurer la tenue. Certaines de ces languettes avaient cédé avec le temps, puis avaient été réparées. La plupart de ces marque-pages étaient plissés et sales et certains d'entre eux s'effilochaient.

L'allure d'origine grâce aux techniques actuelles

La restauration a commencé par un nettoyage des pages du livre. La saleté a été gommée puis les résidus de cire et les amas de poussière ont été grattés mécaniquement.

Le dos de l'ouvrage a ensuite été retiré, soit mécaniquement, soit à l'aide de cataplasmes. Le cuir étant extrêmement abîmé, certaines sections du verso n'ont pu être retirées qu'en petits fragments. Les restes d'adhésif ont été nettoyés avec un cataplasme.

Après une analyse plus poussée de l'ouvrage, il a été décidé de défaire la couture originale du livre puisqu'elle ne pouvait être restaurée. Plusieurs nerfs étaient cassés.Une fois la couture démontée, les résidus d'adhésif dans les fonds du cahier ont été retirés. Les lacunes dans les pages ont été comblées et les déchirures réparées. Les signets de soie ont été consolidés avec de la crêpeline de soie.

Puis la couture a été refaite avec du fil de lin sur des nerfs de ficelle de lin. Pour éviter que les problèmes posés par la couture originale ne se reproduisent, une nouvelle couture dite à deux cahiers a été choisie. Le dos a ensuite été encollé avec une couche d'adhésif, puis l'ouvrage a été arrondi et endossé.

De nouvelles tranchefiles ont été brodées en tête et en queue de l'ouvrage sur une ficelle de lin avec des fils de soie rose et beige, cet agencement de couleurs étant courant à l'époque où le livre a été relié.

Le coin lacunaire du plat a été réparé avec un carton normalement employé pour constituer les plats des reliures et le carton des autres coins a été consolidé. Les ficelles ont alors été passées à travers le carton des plats, enduites de colle, rabattues puis compactées sur la surface interne des plats. Une fois sèches, elles ont été recouvertes de papier japonais et mis au ton pour s'harmoniser avec le papier décoré des gardes et des contre-gardes.

Une pièce de cuir de veau naturel a été insérée sous le cuir des plats, de manière à reconstituer les mors et façonner de nouvelles coiffes, puis mise au ton. Les pièces originales du dos présentant un état de conservation suffisamment stable ont été remises en place. La pièce de titre a, quant à elle, été retirée du dos, doublée puis repositionnée et collée.

Enfin, le missel a été placé dans une boîte de conservation fabriquée sur mesure, constituée de toile et de carton non acide. Des conseils sur sa mise en exposition ont été prodigués au Musée.