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Constats d'état

Naud, Colette. 1995 (Révision 2011). Conservation préventive dans les musées. Manuel d'accompagnement, p. 85 à 90.

Le constat d'état est un outil important pour la conservation préventive. C'est la « fiche de santé » qui décrit l'état physique de chaque objet depuis son entrée dans la collection, et en note l'évolution au cours des années.

Seul un examen minutieux permettra d'évaluer le degré de fragilité d'un objet et ses besoins en termes de conservation préventive. Un musée qui n'aurait pas encore entrepris la rédaction de constats d'état, se trouve devant une tâche considérable. Il convient donc d'établir des priorités. On pourra débuter par les nouvelles acquisitions, par exemple.

Importance du constat d'état lors du prêt d'un objet

On rédige un constat d'état pour toute œuvre qui fait l'objet d'une demande de prêt. En transit, elle est exposée à plus de danger. On doit donc l'examiner minutieusement pour déceler toute cause qui rendrait son prêt périlleux. Au retour, un nouvel examen attentif permet de noter tous les changements qui ont pu survenir.

Il faut être particulièrement vigilant lorsque le musée prête une œuvre pour une exposition temporaire. Plusieurs institutions déplorent des dommages ou des accidents survenus à des objets qu'ils ont l'imprudence de prêter sans, au préalable, en consigner l'état par écrit et au moyen de photographies. Ces objets reviennent parfois avec des éléments manquants ou des surfaces endommagées. Aucun recours n'est alors possible si la preuve de l'état antérieur ne peut être faite.

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Vocabulaire du constat d'état

La rédaction du constat d'état demande une connaissance des matériaux et une certaine expertise. Les termes décrivant les objets et leurs différentes altérations sont spécifiques aux matériaux décrits : bois, fer, ivoire, etc. On doit donc établir d'abord une liste de termes avec leur définition.

Le vocabulaire utilisé pour la rédaction du constat d'état est clair et précis. La terminologie employée est constante : les mêmes phénomènes portent les mêmes noms et les dimensions sont données dans les mêmes unités de mesure et prises aux mêmes endroits pour les mêmes types d'objets.

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Examen des objets

L'examen des œuvres se fait dans un endroit bien éclairé, dégagé et propre. On recouvre la table de travail d'un papier ou un carton blanc et propre. Si on a besoin d'une surface matelassée, on peut utiliser une couverture recouverte d'un film de polyéthylène (P0354) ou une mousse de polyéthylène (P0062) d'environ 0,5 cm d'épaisseur.

Pour l'examen, on se sert d'un mètre ruban souple de couturière, d'une loupe et d'un crayon au plomb et, au besoin, d'un appareil photo. On évite les feutres, les stylos à bille et les plumes qui risquent de tacher accidentellement les objets. Les mains doivent être rigoureusement propres. On utilise des gants de coton blanc (P0258) ou de chirurgien (vinyle P0399 ou nitrile P0254) pour manipuler les objets.

On s'éclaire avec une lampe munie d'une ampoule de 100 watts. Dans le cas des peintures et des œuvres sur papier, un éclairage rasant, obtenu en plaçant la lampe à un angle d'environ 10° de la surface à examiner, permet de mettre en évidence les irrégularités de la surface.

On évite de porter des vêtements ou des bijoux qui peuvent s'accrocher aux aspérités des objets, ou les endommager en les égratignant ou en les frappant.

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Diverses formes du constat d'état

La forme du constat d'état peut varier d'une institution à l'autre : certains musées utilisent un formulaire du genre aide-mémoire où le rapporteur ne fait que pointer les cases qui s'appliquent à l'objet qu'il décrit. Ce système permet de ne rien oublier puisqu'on a une liste de termes à encercler ou à cocher. Il faut cependant prévoir des espaces libres où le rapporteur pourra décrire plus en détail des phénomènes plus complexes ou inhabituels.

D'autres types de constat décrivent les phénomènes considérés sans formulaire préétabli. Quelle que soit la forme, le constat sera le plus précis et le plus complet possible.

Outre le constat d'état lui-même, le personnel des musées doit parfois aussi remplir la fiche cumulative qui accompagne les œuvres d'une institution à une autre. Cette fiche note de façon succincte tout changement physique et tout accident survenu lors des déplacements et des expositions. On y indique la date, les circonstances de l'accident et les mesures qui ont été prises. On la remplit à l'arrivée de l'œuvre et à son départ de l'institution.

Une photographie est particulièrement utile pour compléter la description de l'état de l'œuvre. Il est difficile de se souvenir exactement de l'étendue d'un dommage noté et encore plus difficile de prouver qu'un dommage s'est aggravé au cours d'une exposition ou d'un transport. Les photos, les croquis et les impressions laser d'une photographie permettent de situer précisément les dimensions de l'objet, les dommages et leur localisation. On peut même l'indiquer à l'ordinateur avec un traitement de l'image.

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Particularités du constat d'état

Comme dans un dossier médical, le constat d'état se limite généralement à décrire les faiblesses de l'œuvre examinée et ne parle pas de ce qui est sain. Il évalue également son état général. Est-il excellent, bon, assez bon ou médiocre? Les détériorations sont-elles négligeables, légères, modérées, marquées, extrêmement importantes?

Lorsque l'on décrit un dommage, on précise sa nature : déchirure, écaillage, lacune ou corrosion. On mentionne la cause du dommage lorsqu'on la connaît ou on utilise des expressions comme « il semble », « probablement », si on a des doutes. On précise l'étendue du dommage, par exemple « une déchirure de cinq centimètres de long », « un trou de deux centimètres de diamètre ». S'il existe plusieurs dommages semblables, on emploie des expressions comme « un grand nombre de… », «on trouve sur l'ensemble… ».

On indique l'unité de mesure utilisée : centimètre, millimètre, gramme. Selon une convention, on donne d'abord la hauteur, puis la largeur et ensuite la profondeur. Dans le cas des œuvres encadrées, on précise si les mesures sont prises à partir des bords intérieurs du cadre ou du passe-partout ou à partir des bords réels.

Il est souvent utile ou même nécessaire d'indiquer le poids d'une œuvre. C'est le cas des grosses sculptures, de bijoux ou d'objets précieux.

Si on connaît la technique et le matériau utilisés, on profite de l'examen pour les noter. Ces détails aident à préciser le mode de fabrication et à se rendre compte de la fragilité d'un objet.

En rédigeant un constat d'état, on évalue la fragilité du matériau ou de l'objet, notamment pour les textiles anciens, les documents en papier ou le verre. On vérifie la qualité de l'assemblage ou du montage. Une œuvre peut être trop à l'étroit dans son cadre par exemple. On cherche les pertes, les lacunes, les cassures. Ces dommages peuvent avoir une cause physique ou chimique. On note la présence de taches, de saleté ou de surpeints qui défigurent l'œuvre.

On complète le constat d'état avec le nom du propriétaire de l'œuvre et le numéro d'inventaire, puis on inscrit la date et on le signe.

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Procédures particulières

Pour les œuvres encadrées comme les peintures et les œuvres graphiques, des pinces et un tournevis permettront, si nécessaire, de retirer le cadre. Cette opération est parfois compliquée par la nature et l'état de l'œuvre. On pense, par exemple à un châssis
assemblage de bois sur lequel on tend une toile.
châssis
cloué au cadre, à une émulsion collée au verre ou à un pastel. Ces cas peuvent nécessiter l'intervention d'un restaurateur.

Assurez-vous de la stabilité des composantes de l'objet avant de procéder à son examen. On protège les empâtements des peintures et les éléments décoratifs des cadres en plaçant l'œuvre sur des blocs matelassés. Si l'on constate que la couche picturale d'une peinture ou d'une œuvre graphique s'écaille ou se soulève, on place l'œuvre horizontalement, la face vers le haut, en prenant garde que rien ne vienne en contact avec sa surface.

Certains objets sont si fragiles qu'ils ne peuvent être examinés sans danger. Ces objets à risque sont identifiés par l'inscription « fragile » et rangés à l'écart en attendant la venue d'un restaurateur. On calera convenablement les sculptures, les meubles ou autres pièces dont l'assise est bancale ou instable. On utilise alors des coins, des coussins ou des sacs de sable.

Le constat d'état se limite à consigner l'état d'un objet. Il ne propose pas de traitements pour les altérations décelées à l'examen : ceci est la responsabilité du restaurateur.

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Le rapport d'état

Les musées doivent avoir des dossiers d'œuvres bien tenus. Un rapport sur l'état des objets, daté et mis à jour régulièrement, est une pièce essentielle pour la connaissance et la gestion des collections. Il permet de suivre l'évolution de l'état physique des objets et d'établir les priorités pour les besoins en restauration. Le constat d'état est un outil précieux pour la conservation préventive des objets de votre musée.

Bibliographie et vidéographie

Date de mise à jour : 16 juin 2016

Gouvernement du Québec, 2021
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