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Les sculptures : bois et plâtre

Les sculptures religieuses sont faites de divers matériaux. La plupart sont en bois, en plâtre ou en pierre (voir la fiche Les œuvres de pierre), mais il y en a également en terre cuite, en cire, en ivoire, en carton-pâte, etc. Plusieurs sont peintes et/ou dorées, et cette finition de surface fait partie intégrante de l'œuvre.

Bien qu'il existe une tradition de sculpture au Québec, cet art reste encore peu connu du grand public, comme en témoigne la mode du décapage qui a duré si longtemps. De nombreuses sculptures ont ainsi perdu leur revêtement d'origine, car on croyait qu'elles avaient été conçues pour être au bois nu. En fait, très rares sont les sculptures anciennes qui n'étaient pas peintes ou dorées.

À l'exception de l'inventaire et de l'entretien, peu d'interventions peuvent être réalisées sur les sculptures par des non-spécialistes. Une mauvaise « restauration », effectuée par une personne qui ne possède pas les connaissances et l'expérience requises, leur fait souvent perdre une grande partie de leur valeur artistique. Afin d'être mieux informé, contactez un restaurateur professionnel avant d'intervenir sur une œuvre.

Photographie d'une des statues composant la chaire de l'église Notre-Dame de Montréal. Photo CCQ.

Que doit-on faire ?

Connaître son patrimoine religieux

  • Inventorier et photographier les sculptures (voir la fiche L'inventaire : une nécessité). Noter les dommages dans la fiche d'inventaire.

Manipuler avec soin

  • Est-ce que des gants sont nécessaires ? Lorsque les sculptures sont peintes ou dorées, il est préférable de mettre des gants. Lorsque la prise est très difficile, on peut les manipuler sans gants, mais avec les mains propres.

  • Les statues sont souvent constituées d'assemblages. On doit saisir un personnage par le tronc (ou par la base) et non par les bras ou la tête.

  • Planifier le déplacement d'une sculpture en vous posant les questions suivantes :

- Où la déposera-t-on ? Il est plus facile de libérer l'espace les mains vides.

- Y a-t-il des obstacles sur le parcours (porte, escaliers, fil électrique, etc.) ? Cela peut éviter des chutes malencontreuses.

- Sommes-nous assez nombreux pour la déplacer sans risque de l'échapper ou de se blesser ?

- Avons-nous besoin d'échafaudages ? Si la sculpture est en hauteur et de grande taille, une échelle ne suffit pas ; il faut un échafaudage solide et sécuritaire (voir la fiche Le grand ménage).

  • Si vous déplacez une sculpture en bois, l'emballer dans du polythène* pour le transport et la laisser dans son emballage au moins une semaine pour qu'elle s'adapte lentement à son nouveau milieu. Les risques de fissures seront diminués.

  • Faire appel à des transporteurs spécialisés pour les sculptures de grandes dimensions.

Prévenir les dommages

Photographie d'un ange portant des brûlures dues à une chandelle placée trop près de la sculpture. Photo CCQ.

  • Éloigner les lampions et les bougies (voir la fiche Lampions et bougies) des sculptures et des autels.

  • En cas de bris (morceau cassé ou décollé, ouverture des joints), ne pas réparer la sculpture soi-même en y introduisant une colle ou tout autre matériau ; souvent le remède est pire que le mal. Les collages mal positionnés avec des débordements de colle trop forte et les réparations de petites cassures avec plus de clous qu'il n'en faut laissent des traces parfois impossibles à faire disparaître sans endommager l'œuvre.

  • Des artistes bien intentionnés proposent leurs services pour « restaurer » les sculptures endommagées. Pour faire « propre », certains les décapent entièrement et les repeignent au goût du jour. Ce type d'intervention fait disparaître toute trace de l'état d'origine et prive les œuvres d'une bonne partie de leur valeur artistique.

Le bois

  • Qu'elles soient anciennes ou récentes, les œuvres en bois sont très sensibles aux changements brusques d'humidité et de température provoqués par l'ouverture et la fermeture du chauffage ; prenez donc soin d'éloigner les sculptures des radiateurs et des bouches de chauffage.

  • Les greniers chauds et secs ainsi que les lieux humides comme les caves ne sont pas recommandés pour le rangement des objets en bois. Les infestations d'insectes et de petits rongeurs ainsi que les moisissures sont plus fréquentes dans ces endroits (voir la fiche Les insectes et les rongeurs). Une pièce libre au presbytère ou une entente avec un musée (dépôt à long terme) peut être une bonne alternative.

Le plâtre

  • Le plâtre est très sensible à l'eau et aux produits de nettoyage, car il est poreux. En plus de dissoudre le plâtre, l'eau fait pénétrer la saleté et peut laisser des cernes en surface. On limite donc l'entretien au dépoussiérage.

  • La porosité du plâtre exige aussi que les sculptures soient manipulées avec des gants pour éviter le dépôt de saletés et de matières grasses.

Entretenir convenablement

Photographie d'un restaurateur dépoussiérant la surface d'une sculpture à l'aide d'un pinceau à poils souples et d'un aspirateur. Photo CCQ.

 

  • La surface des sculptures est particulièrement fragile. On peut les dépoussiérer si elles ne présentent pas d'écaillage.
  • Pour dépoussiérer, utiliser un pinceau à poils souples et un aspirateur, en ayant soin de ne pas mettre l'embout directement sur l'objet, ce qui pourrait rayer la surface ou arracher la peinture.
  • Lors du dépoussiérage, il est préférable de ne pas utiliser d'éponges, de chiffons ou de plumeaux. Les fibres ou les plumes risquent de s'accrocher aux aspérités et d'arracher la peinture ou la dorure.
  • Les produits de nettoyage commerciaux sont déconseillés, car certaines peintures anciennes sont très fragiles. De plus, ils laissent parfois des résidus qui jaunissent avec le temps et deviennent difficiles à enlever. Quant à l'eau, elle peut facilement détériorer une dorure ou un vernis ancien.

 

Prenez soin des dorures !

  • La prudence s'impose pour nettoyer des surfaces dorées. En effet, il est difficile pour le profane de faire la différence entre une vraie dorure à la feuille d'or et une peinture dorée du type bronzine. Pour cette raison, on recommande de seulement les dépoussiérer.

  • Certains types de dorures, comme celles « à l'eau »* (qu'on appelle aussi à la colle, à la détrempe), sont très sensibles à l'eau ; le nettoyage avec un chiffon humide est donc à proscrire.

  • Les dorures à l'huile, qu'on appelle « à la mixtion »*, sont plus solides, mais comme il s'agit également de feuilles d'or très minces, elles sont sensibles à l'abrasion.

Inspecter régulièrement

  • Vérifier périodiquement les sculptures. Être à l'affût des signes de détérioration (écaillage de la peinture, élément décollé, fissure, présence d'insectes, etc.) et contacter un spécialiste avant que les dommages ne s'aggravent.

  • Les morceaux cassés ou les parties détachées seront rangés dans une boîte portant le nom ainsi que l'emplacement de la sculpture et l'information sera notée dans la fiche d'inventaire.

Vérification annuelle des sculptures extérieures

  • Lors de l'examen annuel des sculptures extérieures, il faut s'assurer que :

- la surface des sculptures et des socles est propre (pas de saleté, de débris végétaux, de fiente d'oiseaux, etc.) ;

- le bois est en bonne condition (pas de fissure, de pourriture, de mousse verte ou blanche, de lichen) ;

- il n'y a pas d'écaillage ni de soulèvement de la peinture ;

- l'ancrage ou les accessoires des personnages (épée, lance, etc.) sont bien solides (pas d'oxydation des éléments métalliques) ;

- il n'y a pas de corrosion sur le métal ;

- il n'y a pas d'accumulation d'eau (de cuvette ou de déformation sur les bases), ni d'infiltration ;

- l'environnement ne favorise pas le développement des micro-organismes (végétation abondante).

Pour en savoir plus

Restauration en sculpture ancienne, Le Musée du Québec en image n° 7, Québec, Musée du Québec et Centre de conservation du Québec, 1994, 156 p.

BARCLAY, R., R. EAMES et A. TODD. L'entretien des objets en bois, Bulletin technique n° 8, Ottawa, Institut canadien de conservation, 1980, 17 p.

BUHEZ (association). L'art et la matière : restauration des sculptures polychromes en Bretagne, Rennes, Éditions Apogée, 1997, 135 p.

LEPAGE, M. « Le soin des sculptures », La conservation préventive dans les musées : manuel d'accompagnement, Université du Québec à Montréal, en collaboration avec le Centre de conservation du Québec et l'Institut canadien de conservation, 1995, p. 117-126.

PAYER, C. « La restauration des sculptures anciennes au Québec : quelques exemples et projets », La conservation du bois dans le patrimoine culturel, Journées d'étude de la SFIIC, Besançon-Vesoul, SFIIC, 1990, p. 163-178.

PORTER, J. L'art de la dorure au Québec, Québec, Éditions Garneau, 1975, 211 p.

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Date de mise à jour : 13 juin 2016

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