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Les peintures de chevalet

Les lieux de culte proposent souvent à la dévotion des fidèles des tableaux à thèmes religieux. Ce sont des peintures de chevalet, c'est-à-dire des peintures qui peuvent être déplacées, ou des peintures murales, peintes directement sur le mur (voir la fiche Les peintures murales).

Les peintures de chevalet sont constituées de plusieurs couches superposées : le plus souvent, on trouve un support de toile tendu sur un châssis
assemblage de bois sur lequel on tend une toile.
châssis
* de bois (faux-cadre*), la couche de préparation, la couche picturale proprement dite et le vernis.

Les peintures exposées dans les églises et les chapelles sont habituellement imposantes puisqu'elles doivent être vues de loin ; elles sont, par conséquent, très lourdes. Le poids d'un grand tableau avec un cadre de bois peut facilement atteindre 100 kilos, et c'est le cadre qui représente habituellement la plus grande partie de ce poids. Il faut donc accorder une attention toute spéciale à la manipulation des peintures de chevalet.

Peu de choses peuvent être faites sur les peintures de chevalet par des non-spécialistes, mais si vous êtes en mesure de déceler et d'identifier les dommages, vous pourrez demander de l'aide sans tarder. Le respect de l'original est un grand principe en restauration. Il faut résister à la tentation de « bonifier » une œuvre même si certains détails ne vous plaisent pas. Lorsqu'un tableau est détérioré, seul un restaurateur professionnel est en mesure d'évaluer l'ampleur des dommages (voir la fiche Le restaurateur et sa profession) : certains paraissent spectaculaires, mais ne sont pas nécessairement urgents à traiter ; d'autres appellent une intervention immédiate. Mettre à contribution le zèle ou l'habileté de bénévoles peut sembler intéressant de prime abord, mais les traitements de restauration doivent être appliqués par des spécialistes.

Peinture anonyme du XVIIe siècle représentant saint Ambroise, avant traitement. Musée des Augustines de l'Hôtel-Dieu de Québec.   Peinture anonyme du XVIIe siècle représentant saint Ambroise, après traitement. Musée des Augustines de l'Hôtel-Dieu de Québec.

Connaître son patrimoine religieux 

  • Inventorier et photographier les peintures (voir la fiche L'inventaire : une nécessité). Noter les dommages dans la fiche d'inventaire.

Manipuler avec soin

  • Avant de décrocher un tableau, prévoir l'endroit où vous le déposerez et placer des cales (morceaux de mousse à haute densité, par exemple) pour éviter qu'il ne glisse. Ces cales sont essentielles si le cadre comporte un décor sculpté dont les motifs excèdent les moulures.
  • S'assurer d'avoir du personnel compétent et des techniques sûres pour déplacer les tableaux d'église. Leurs dimensions et leur poids rendent souvent cette opération périlleuse. D'une part, il est primordial de conserver les oeuvres intactes et, d'autre part, les restaurations sont coûteuses. La bonne volonté ne suffit pas : il vaut mieux prendre tous les moyens pour mener l'opération à bon terme et faire appel à des gens d'expérience.
  • Si l'œuvre est en hauteur, un échafaudage est très utile pour créer un palier (ou deux) où déposer l'œuvre avant l'accrochage ou après le décrochage. Il ne faut pas sous-estimer le ballant qui risque de faire basculer les œuvres parfois beaucoup plus hautes que larges.
  • Une façon ingénieuse de résoudre le problème de la pesanteur consiste à fixer sur le mur, au bas du tableau, une tablette ou un support de soutien. Ils facilitent beaucoup l'accrochage en fournissant un palier où déposer l'œuvre.
  • Photographie présentant la pose de poignées au revers du cadre facilite le déplacement des tableaux.Afin de faciliter le déplacement d'un tableau, on peut poser au revers du cadre des poignées en métal ou en tissu robuste (bien s'assurer que les vis ne sont pas plus longues que l'épaisseur du cadre). On peut aussi s'aider de sangles passant sous la peinture et sur l'épaule de deux transporteurs.
  • Bien emballer les tableaux à transporter. Le cadre a dans ce cas un double avantage : il permet de ne pas toucher la peinture avec les mains et de garder le matériel d'emballage éloigné de la surface peinte. On conseille de protéger la toile en la mettant « en sandwich » entre deux cartons bien plats découpés aux dimensions extérieures du cadre, puis de l'envelopper entièrement dans un polythène à bulles (Bubble Pack) ou un film de polythène scellé avec un papier collant. On s'assurera que les rubans adhésifs (Scotch Tape) ou les rubans-cache (Masking Tape) ne touchent pas la peinture et le cadre.
  • Le prêt d'une œuvre peut être l'occasion de la faire restaurer. Si une restauration complète n'est pas essentielle, on profitera du décrochage pour apporter des mesures de conservation préventive (révision de la solidité de l'encadrement, pose d'un dos protecteur
    panneau rigide fixé au revers du châssis
    assemblage de bois sur lequel on tend une toile.
    châssis
    ou du cadre qui sert à protéger le tableau.
    dos protecteur
    *, etc.). Il est important de toujours signer une convention de prêt (voir l'annexe 3, Convention de prêt) afin de bien établir la responsabilité de chacun en ce qui concerne la restauration, le décrochage et le réaccrochage, l'emballage, le transport, les assurances. S'il y a restauration, il faut s'assurer qu'elle est confiée à des spécialistes. De même, le transport devrait être fait par des firmes spécialisées ou des équipes ayant l'expérience de ce type de déplacement.

Prévenir les dommages

  • Ne rien appuyer sur les peintures, surtout pas une échelle lors de travaux. La toile, tendue sur le châssis
    assemblage de bois sur lequel on tend une toile.
    châssis
    , est particulièrement fragile.
  • Apprendre à déceler et à identifier les dommages et toujours les soumettre à un restaurateur compétent :

L'écaillage et les soulèvements risquent de faire perdre des parties de l'œuvre. Il faut à tout prix éviter de toucher la toile, bien sûr ne pas la dépoussiérer et appeler un restaurateur pour la remise à plat et le fixage de la couche picturale.

Les saletés, les vernis jaunis et les repeints altèrent la surface des toiles. Avec le temps, les poussières grasses dues au chauffage, aux cierges, à la pollution s'accumulent. Les vernis appliqués parfois pour raviver les couleurs jaunissent, de sorte que les coulures, les gouttes et les coups de pinceau deviennent apparents. Enfin, des restaurations souvent maladroites peuvent modifier ou cacher le sujet original. L'intervention d'un spécialiste permet de nettoyer les tableaux et de les dégager des repeints effectués par des personnes bien intentionnées, mais peu au courant des principes de restauration.

Les déformations des toiles sont fréquentes. Elles se détendent et des plis se forment aux angles. Dans certains cas, toute l'arête supérieure de la toile se brise et la peinture pend sous son poids, retenue seulement par les côtés ; l'intervention d'un spécialiste est alors urgente.

  • Placer les cierges à bonne distance des tableaux pour éviter les incendies, les brûlures directes et l'accumulation de saleté (voir l'annexe 1, Lampions et bougies).

  • Éteindre les lumières quand il n'y a personne. Un éclairage puissant (projecteurs, lampes à halogène) peut « cuire » les peintures et les endommager gravement.

  • Éviter de placer les peintures près des radiateurs ; si c'est impossible, couvrir les radiateurs d'un déflecteur afin d'éloigner la chaleur.

  • De préférence, écarter légèrement les cadres du mur en y fixant des cales pour que l'air circule plus librement derrière ; ceci empêche la condensation et le développement de moisissures.

  • La chute des tableaux est la première cause de leur détérioration. Combien de peintures sont tombées à cause de crochets trop petits ou trop faibles ou d'une quincaillerie d'accrochage inappropriée ! Quelles que soient leurs dimensions, on recommande de toujours suspendre les tableaux au mur avec deux crochets. Le système de suspension sera adapté à la nature du mur et au poids de l'œuvre. Les crochets doivent être assez gros et solides de même que les pitons, les fils métalliques ou les chaînes d'accrochage ; on n'a jamais entendu parler de crochets trop gros ou de fils trop résistants. Il faut bannir les cordes et les remplacer systématiquement par des fils de métal ou des chaînettes.

  • S'assurer que les peintures sont bien fixées dans leur cadre. Utiliser de préférence des plaques de laiton vissées au cadre. Si des clous sont posés obliquement au travers du châssis
    assemblage de bois sur lequel on tend une toile.
    châssis
    et du cadre, il vaut mieux les laisser en place : leur retrait est difficile et une manœuvre maladroite pourrait endommager la toile.

  • Protéger les peintures avec un polythène lors des travaux (voir la fiche Le grand ménage). Les gouttelettes de peinture ou la poussière de plâtre sont presque impossibles à déloger une fois qu'elles ont pénétré dans les craquelures. Le ruban adhésif utilisé pour retenir le polythène ne doit pas toucher la peinture ou le cadre.

  • Plusieurs œuvres gardent sur tout leur périmètre des marques de la peinture utilisée pour repeindre leur cadre. Il faut toujours couvrir la toile avec un cache (un morceau de carton, par exemple) si on intervient sur le cadre.

  • Ne pas déposer les tableaux non exposés sur le sol (voir la fiche Le rangement des objets). Même dans un lieu d'entreposage, il est souvent préférable de les accrocher au mur. Sinon placer à l'avant et au revers de grands cartons ou des panneaux durs (Masonite) aux dimensions du cadre afin d'éviter de trouer les toiles. Il est possible également d'utiliser des cases verticales en bois. On sépare alors les œuvres par des cartons pour protéger les cadres.

Entretenir et inspecter régulièrementPhotographie d'un restaurateur faisant le dépoussiérage d'un tableau à l'aide d'un pinceau à poils doux et d'un aspirateur.

  • Faire nettoyer les tableaux par un restaurateur. Le nettoyage que l'on fait soi-même avec des produits domestiques a parfois des résultats immédiats spectaculaires, mais se solde par des dommages irréversibles. Même l'eau et l'humidité élevée ont une action pernicieuse sur les peintures et les vernis : l'eau s'infiltre dans les craquelures et peut faire rétrécir le support de toile, ce qui provoque des soulèvements. Les vieilles recettes (pomme de terre, oignon) laissent des résidus qui attirent les insectes et altèrent les œuvres. Les restaurateurs ont aujourd'hui des moyens beaucoup plus sûrs.

  • Ne confier le nettoyage de certaines parties du décor mural à des bénévoles qu'après avoir consulté un restaurateur qui expliquera la procédure à suivre (méthodes, produits, etc.).

  • Ne pas toucher la surface des toiles.

  • Ne pas toucher un cadre doré à mains nues (voir la fiche Les sculptures).

  • Ne dépoussiérer que si cela est nécessaire et s'assurer auparavant qu'il n'y a pas d'écaillage. Se munir de plusieurs pinceaux à poils doux (en soie de porc, par exemple) afin d'en changer au besoin : on les lavera après l'opération. L'utilisation d'un pinceau sale risque de salir au lieu de nettoyer. À l'aide du pinceau, diriger la poussière vers l'embout de l'aspirateur. Ne jamais placer l'aspirateur directement sur l'œuvre. Enlever de la même façon les toiles d'araignée et autres saletés.

  • Vérifier la solidité de l'accrochage.

  • Examiner la surface des peintures afin de noter les changements d'apparence. Se munir d'une bonne lumière ou d'une lampe de poche assez puissante. Éviter de placer une lampe qui dégage beaucoup de chaleur trop près du tableau et limiter la durée de l'examen. Éclairer la peinture latéralement ; la lumière rasante met en évidence les déformations de la toile, les soulèvements et l'écaillage.

Pour en savoir plus

Notes de l'ICC, Ottawa, Institut canadien de conservation, nos 10/1 à 10/16.

UNIVERSITÉ DU QUÉBEC À MONTRÉAL en collaboration avec le CENTRE DE CONSERVATION DU QUÉBEC et L'INSTITUT CANADIEN DE CONSERVATION. « La conservation préventive des peintures », vidéo no 13, La conservation préventive dans les musées, série de 19 documents vidéo et manuel d'accompagnement, 1995.

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Date de mise à jour : 13 juin 2016

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