Centre de conservation du Québec
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Maître-autel de Boucherville, un meuble d'exception

Le 10 juin 2015, le maître-autel de l'église Sainte-Famille de Boucherville a finalement repris sa place, après 4 années de travaux de restauration effectués par le Centre de conservation.

Préparation

L'intérieur de l'église Boucherville.

L'intérieur de l'église en 2011.

En 2002, la fabrique décide d'entreprendre des travaux majeurs dans l'église Sainte-Famille. Les responsables en profitent alors pour demander au Centre de conservation une évaluation de tous les meubles de l'église. Le Centre a donc procédé à l'évaluation préliminaire du maître-autel, des autels latéraux et des motifs appliqués.

À ce moment, le mot d'ordre est « préservation ». Il n'est donc pas question de restauration et aucun traitement majeur n'est envisagé. On parle plutôt de dépoussiérer, de nettoyer les surfaces, de refixer des soulèvements et de terminer le tout par quelques retouches légères.

Beauté cachée

Réalisé par Gilles Bolvin en 1745, tous sont d'accord pour dire que le tabernacle est une pièce exceptionnelle. Les experts confirment même que sous ses nombreuses couches, se cache encore une dorure magnifique. Mais le retour à l'état d'origine serait une tâche trop longue pour être envisagée à ce moment.

Les restaurateurs examinent le maître-autel.

Première évaluation du maître-autel.


En 2009, la fabrique envisage de faire redorer son meuble. Et cette fois, c'est le Conseil du patrimoine religieux qui fait une nouvelle demande d'évaluation au Centre.

Les restaurateurs évaluent qu'une redorure n'est pas souhaitable. Ils sont convaincus qu'il faudrait plutôt enlever les nombreuses couches afin de mettre en valeur la qualité et la finesse de ce qui a été caché au fil du temps.

Photo du test de dégagement présenté aux <br />membres de la fabrique.

Tests de dégagements présentés aux
membres de la fabrique.

Avec l'accord du Conseil, cette option est retenue. Un test est alors effectué sur deux petites parties du tabernacle et une estimation est faite pour connaître la somme de travail à faire sur le meuble. Les résultats du test sont sans équivoques et persuadent tout le monde d'aller de l'avant!

Projet en deux temps

Puisque le lieu de culte est très fréquenté et que le maître-autel est partie prenante du décor, la fabrique souhaite qu'il reste sur place. Le meuble est donc restauré selon deux modes bien distincts. Le tombeau et plusieurs garnitures sont traités sur place alors que le tabernacle est démonté pièce par pièce et transporté dans les ateliers du Centre.

Les restaurateurs procèdent au dégagement de la marbrure du tombeau.








Lors de leurs visites à l'église, les restaurateurs procèdent au retrait de la peinture cachant la magnifique marbrure.


Dans l'église, les parties démantelées sont tour à tour remplacées par des photographies grandeur nature afin de ne pas dénaturer l'ensemble. De l'aveu de tous, l'effet est plus que réussi!

Photo du maître-autel avec une partie restaurée, une partie remplacée par le panneau photo et une partie avant restauration.

A : Partie du tabernacle avant restauration.


B : Partie du tabernacle en cours de restauration au CCQ, remplacée par le panneau photo.



C : Partie du tabernacle après restauration.


Travail de moine

Les restaurateurs doivent faire de nombreux aller-retours entre Québec et Boucherville pour y traiter le tombeau et quelques garnitures in situ. Ils effectuent également la dépose des parties à traiter ainsi que les dernières retouches et s'assurent de la réussite du trompe-l'œil créé par la photo.


Au Centre, le tabernacle est divisé en six parties. Une fois les soulèvements et les écailles fixés et consolidés, la plus grande partie du traitement consiste à libérer la dorure originelle.

Tabernacle avec partie remplacée par panneau photo. La partie en question en cours de traitement au CCQ.


La photo de gauche montre le meuble avec la partie remplacée par le panneau photo. La seconde photo présente la partie en cours de restauration au Centre.

Le dégagement des couches peut débuter. Cette technique requiert une grande minutie car la feuille d'or est d'une minceur extrême (moins d'un micron d'épaisseur), ce qui ne laisse aucune place à l'erreur!

Dégagement sous cagoule.

Retrait des couches à l'aide de produits toxiques. Le port de
la cagoule est de mise!

Les premières couches, plus épaisses, sont retirées à l'aide de solvants. Les produits utilisés étant toxiques, le tout s'effectue sous cagoule dans un espace clos.

Vient ensuite le travail de précision. Afin de ne pas altérer la feuille d'or, le dégagement est terminé à l'aide de solvants, de scalpels et de cotons-tiges. Une fois les surfaces nettoyées, les manques sont comblés et retouchés avec des matériaux réversibles.

 

Dégagement fin à l'aide d'un scalpel.

Dégagement fin réalisé à l'aide d'un scalpel.

Retour aux origines

Des photos anciennes de l'œuvre indiquent qu'une colombe est disparue de la gloire de l'impériale. Après quelques recherches, celle-ci est retrouvée dans la sacristie où elle orne une grille de la chapelle. Elle est donc décrochée, restaurée et remise en place sur le tabernacle.

D'autres éléments, cassés ou sommairement réparés, sont consolidés, voire refaits à l'identique. Le meuble doit être le plus proche possible de son aspect d'origine.

Après 5000 heures et des poussières

C'est après plus de 5000 heures de travail que les paroissiens de Sainte-Famille ont enfin pu admirer ce bijou. 17 restaurateurs ont contribué à redonner à ce chef-d'œuvre son éclat d'antan et participé à ce traitement unique en son genre.

Posant fièrement devant l'œuvre achevée, ils ont enfin pu dire mission accomplie!

Photos de 3 restaurateurs devant le maître-autel après traitement.

Trois des restaurateurs ayant participé au projet.
Photo : Daniel Lebarbé.

Le maître-autel avant et après restauration.

Le maître-autel avant et après traitement

Date de mise à jour : 14 décembre 2011

Gouvernement du Québec, 2021
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