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Des embarcations gorgées d'eau

L'archéologue Daniel Laroche lors de la découverte de l'embarcation sous la maison Estèbe (aujourd'hui intégrée au Musée de la civilisation à Québec)Peu de gens savent que le Musée de la civilisation a été construit sur des lots progressivement récupérés sur le fleuve. Au milieu du XVIIIe siècle, à la fin de leur vie active, plusieurs embarcations se sont retrouvées sur cet emplacement, une grève à l'époque, pour servir de matériau de remplissage. Après leur enfouissement, c'est le jeu des marées qui a favorisé la conservation du bois en raison de la perméabilité du sol.

Une première embarcation est découverte en 1974 au pied de la maison Estèbe, lors d'un sondage archéologique. En raison de l'absence d'expertise et d'infrastructure pour en effectuer le traitement, elle est réenfouie, protégée avec du sable et du polyéthylène.

Le sauvetage des embarcations

Dix ans plus tard, lors du début des travaux de construction du Musée, en octobre 1984, on décide de préserver ce spécimen, dont la date de fabrication est antérieure à la construction de la maison Estèbe (1752), ce qui est attesté par l'enfoncement des vestiges sous les fondations. Toute l'opération archéologique s'est effectuée en procurant aux vestiges le suivi quotidien d'un restaurateur.

Quelques mois plus tard, un groupe d'embarcations à fond plat, similaires à celles excavées précédemment, est découvert ainsi qu'un autre à l'avant de la maison Estèbe. C'est en février 1986 que la décision est prise de redonner sa forme à la plus grande des embarcations. Aplatie et ouverte en deux au moment de sa découverte, elle devait retrouver son allure d'embarcation grâce au travail acharné de monsieur Adéodat Tremblay, ex-constructeur de navires et de chaloupes, et de monsieur Jacques Boudreault, ébéniste, et aussi grâce aux soins prolongés prodigués par les restaurateurs du Centre. Le 16 mai 1988, l'embarcation est transportée et installée au Musée de la civilisation où plus de dix millions de visiteurs ont pu depuis la contempler.

Le traitement des matériaux gorgés d'eau : une expertise

Que pouvons-nous tirer de cette expérience ? L'embarcation du Musée est le seul spécimen encore visible du patrimoine maritime d'avant la Conquête. Il reste à redonner à cette embarcation ainsi qu'aux autres la place qu'elles méritent au sein de notre mémoire collective. Témoignage de leur importance, la découverte des embarcations est citée dans le répertoire du British Museum, Encyclopedia of Underwater and Maritime Archaeology.

Ce projet de sauvetage a élargi les connaissances sur la batellerie légère du XVIIIe siècle qui a joué un rôle fondamental dans le développement de la colonisation française en Amérique du Nord. Mais plus encore, le sauvetage et la restauration des embarcations du Musée ont également favorisé l'émergence d'une expertise dans le traitement des matériaux gorgés d'eau maintes fois mise à profit pour le traitement de dizaines d'autres artefacts présentant les mêmes caractéristiques.

Embarcation de 1735, exposée en 2007 dans le hall du Musée de la civilisation à Québec.

Date de mise à jour : 14 décembre 2011

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